Emmanuel Borghi (piano, composition), Théo Girard (contrebasse), Ariel Tessier (batterie)
Les Lilas, 2-3 mai 2022
Le Triton TRI-22572 / l’autre distribution
Sans renier le trio qu’il constitue par ailleurs avec Jean-Philippe Viret et Philippe Soirat, le pianiste s’est lancé dans cette nouvelle aventure avec des partenaires de la nouvelle génération. Et après avoir improvisé avec eux de manière informelle, il leur a proposé d’enregistrer ces compositions. Ces petites graines de créativité, qu’il convient d’arroser pour en faire surgir le meilleur, il les a conçues, durant les confinements, à partir de ses réflexions sur la musique dodécaphonique. Le jazz a tenté, dès les années 30, et surtout après 1945, l’abandon du système tonal. Le compositeur et chef d’orchestre Rolf Liebermann formalisa cette démarche avec ambition par son Concerto pour jazz band et orchestre, créé en 1954 au festival de musique contemporaine de Donaueschingen par l’orchestre symphonique et le big band de jazz de la radio de Baden-Baden, avant d’être repris et enregistré aux USA et ailleurs par des chefs qui comprenaient mieux le jazz…. Une foule d’entreprises furent conçues par les jazzmen dans cette direction. Le grand intérêt de ce disque, et de sa musique, c’est de ‘penser jazz en trio’ tout en composant des lignes qui échappent à la tonalité. La qualité des partenaires n’est pas pour peu dans la réussite du projet : ils ne sont pas frileux, et se jettent à corps perdu dans l’aventure. Les thèmes sont tendus, car ils dérogent à nos repères en matière de mélodie, mais ils nous parlent de manière immédiate. Dans les improvisations, on voit resurgir parfois des centres de tonalité, mouvants et éphémères. Et ici ou là le souvenir du blues, ou le fantôme du grand Thelonious. Hardie mais pas ardue, cette musique accomplit son ambition car elle est pensée très artistement. Une réussite, à n’en pas douter.
Xavier Prévost
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Un avant-ouïr sur Youtube
EMMANUEL BORGHI TRIO - Watering The Good Seeds
Pendant que tous les lieux de spectacle du pays étaient fermés et que le coeur du monde de la culture battait au ralenti du fait de la pandémie de Covid-19, le pianiste de jazz Emmanuel Borghi en a