Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 11:55

 

CD 1 «À l’est du soleil»

Guillaume Roy (alto), Dider Petit (violoncelle & voix)

CD 2 «Programmes communs»

Guillaume Roy (alto), Dider Petit (violoncelle & voix)

invité.e.s : Kristof Hiriart (voix, textes), Catherine Delaunay (clarinette), Michele Rabbia (électronique & batterie), Daunik Lazro (saxophone baryton), Yaping Wang (yangqin), Christiane Bopp (trombone)

Reims, 4-6 mai 2022 ; Rouen, 8-9 juillet 2022

coffret in situ 250 / Orkhêstra International

 

À l’origine une aventure qui devait se tenir à Minneapolis, après une tournée états-unienne avec des invités de là-bas. Mais la pandémie a contrarié le projet, lequel s’est reconsidéré en deux phases : un duo de cordes frottées pour le CD 1, puis pour le CD 2 ces rencontres des deux en trio avec les invité.e.s.

Pour le duo, c’est la permanence d’une évidence : ces deux-là sont faits pour s’entendre, s’écouter, jouer avec cette entente et cette écoute dans un espace dont la liberté semble toujours plus vaste. Au commencement, sur un ostinato du violoncelle, l’alto part en lyrisme avec un timbre de saxophone baryton, avant de s’envoler en franchissant la balustrade du possible, bientôt rejoint par la voix. Expressivité tendue, chambrisme du vingtième siècle revu avec l’insolence du vingt-et-unième, escapades comme autant d’accidents délibérément provoqués, et résolus : le voyage est mouvementé, riche de mille paysages et surprises. C’est une expérience plus qu’intense des mystères de l’improvisation, du risque et de l’osmose.

Les trios du CD 2 se jouent à l’aune des invité.e.s. Du chuchotement à la profération en mots hachés, puis au chant, dans une dynamique très large, avec Kristof Hiriart. Dans l’infini mystère d’une libre musicalité avec Catherine Delaunay : dialogue, controverse, esquisse ou esquive, selon les instants …. Avec les sons ou percussions de Michele Rabbia, qui se mêlent à la montée en intensité des cordes, vers l’exacerbation de l’expression, comme une chemin vers un acmé attendu, espéré, qui se résoudra, decrescendo, dans une ultime sonorité, énigmatique. Quand survient le sax baryton de Daunik Lazro, c’est une autre couleur qui se fait jour, teintée de rage autant que de tendresse. Puis survient un autre mystère, avec le yangqin de Yaping Wang : lente procession de notes lancées, diapason flottant, comme autant d’appels à quoi les cordes frottées font écho, jusqu’au tumulte, avant le retour du mystère, toujours indéchiffrable, et une coda majestueuse. Retour de la voix Kristof Hiriart, en pleine liberté de langages imaginaires, avec chuchotements de paroles articulées. Et pour conclure en majesté, le trombone extra-terrestre de Christiane Bopp, fauteur de beautés insoupçonnées, de troubles esthétiques et de révolutions intranquilles, comme un point d’orgue pour une aventure fertile.

En écrivant ces lignes je réalise, comme souvent, la difficulté que l’on rencontre à parler de ces musiques : dans les livrets du coffret, de beaux textes signés Jean Rochard et Hervé Péjaudier vous en diront plus, et mieux.

Xavier Prévost

.

Un concert intime de sortie aura lieu le vendredi 20 janvier 2023, à Paris, dans la boutique du disquaire ‘Au Souffle Continu’

Partager cet article
Repost0

commentaires