Enregistré du 19 au 21 octobre 2018.
Palmetto Records - PM2208CD /L’autre distribution.
Paru le 3 février 2023.
+++++++++++++++++++++++++++++++++
Heureuse surprise que cet enregistrement conservé depuis quatre ans, la rencontre en club de deux artistes qui se connaissaient déjà à l’époque depuis cinq ans. Autant dire que le courant passe entre Fred Hersch et esperanza spalding (ndlr : écriture en minuscules à la demande de la musicienne), distingués de longue date par la communauté musicale (5 Grammys pour elle et double lauréat de l’Académie du Jazz, 2001 et 2015, pour lui).
Ici, portés par l’ambiance du Village Vanguard, Fred Hersch, au piano, et esperanza spalding, au chant (délaissant son instrument de prédilection, la contrebasse) déroulent leur art en toute liberté, avec fluidité et légèreté. Etait-ce dû au fait que l’une et l’autre traversaient une période difficile dans leur vie personnelle ? Toujours est-il qu’ils atteignent une certaine forme de sérénité, donnant même par instants un aspect primesautier à leurs interprétations, comme dans Girl talk (Neal Hefti/Bobby Troup).
Le répertoire révèle l’éclectisme des duettistes : du Monk (Evidence, et une composition du pianiste Dream of Monk), un des musiciens préférés de Fred Hersch) mais aussi du Parker (Little Suede Shoes), des standards (But Not For Me, des Gershwin, Some Other Time de Cahh-Styne) et une autre composition signée Hersch (A Wish) avec des paroles dues à une chanteuse-culte, princesse de l’intime, Norma Winstone.
« Fred prend son dévouement à la musique aussi au sérieux que la vie et la mort, mais une fois que nous jouons c’est juste amusant » commente dans le livret esperanza. « esperanza ? une chanteuse intrépide », répond en écho Fred.
Avec « Alive at Village Vanguard », Fred Hersch et esperanza spalding nous offrent une nouvelle réussite dans la catégorie duo pianiste-chanteuse, rejoignant ainsi les tandems mixtes de haute volée qui ont marqué l’histoire du jazz, Helen Merrill-Gordon Beck ou Jeanne Lee-Ran Blake. Downbeat leur a consacré la « une » de son édition de janvier. Un choix que nous partageons sans réserve.
Jean-Louis Lemarchand.