JAMES BRANDON LEWIS : “The eye of I”
James Brandon Lewis (ts), Chris Hoffman (cello), Max Jaffe (dms)
Où il n’est plus question de tricher. Où il est question de mettre directement ses tripes sur la table.
Dans un style à la Sonny Rollins, le saxophoniste qui nous avait émerveillé avec Jesup wagon nous revient, comme toujours dans un format pianoless, avec un album qui est comme un choc au plexus.
D’abord par le son de James Brandon Lewis. Un son brut, comme projeté, envoyé en pleine face de celui qui écoute. Mais aussi et surtout par ce qu’il exprime par là-même. C’est tripal. Ça vient des profondeurs, ancré dans le sol, ancré dans une forme de blues entre le cri primal et l’envolée expressionniste. C’est fort, c’est incroyablement puissant ( the blues still blossoms)
Et oui l’héritage de Rollins est là ! Mais aussi celui d’Albert Ayler. De ceux qui se tenaient à la frontière ou bien carrément dans le free jazz ( Middle ground) comme expression d’une forme de colère ou d’engagement, c’est selon. Et il y a un peu de cela dans cet album, Il y a de l’incantatoire dans la musique de James Brandon Lewis. Comme un appel aux cieux. Un appel aux Dieux du jazz. Les motifs, presque chantants sont parfois répétitifs comme des sortes de scansion. Parfois c’est le ventre qui parle ou alors la colère dans un climat électrique.
Cet album-là ne peut pas vous laisser indifférent. Vous pouvez l’aimer ou le détester. Il n’empêche que c’est un jazz créateur d’émotions fortes qui dit bien plus que la musique. L’expression d’une force tranquille et renversante.
Jean-Marc Gelin