Gary Brunton (contrebasse, composition), François Jeanneau (saxophone soprano), Andrea Michelutti (batterie), Emil Spanyi, Paul Lay (piano)
Malakoff, 2022
Juste une trace / Socadisc
Après deux disques en trio piano-basse-batterie («Night Bus», «Second Trip»), le contrebassiste revient avec un trio autour du saxophone soprano de François Jeanneau. Trio augmenté, car 9 des 13 plages accueillent alternativement au piano Emil Spanyi et Paul Lay. Du jazz de stricte obédience, mais du jazz d‘aujourd’hui : la présence de François Jeanneau, qui en 1960 enregistrait avec Georges Arvanitas dans un quintette très soul jazz, mais aussi plus tard avec le très contemporain Quatuor de saxophones, donne la mesure des langages partagés dans ces plages. Après les épisodes de ‘Night Bus’, le titre de ce nouvel album, d’un nouveau groupe, évoque le train de nuit tel que le nomme la langue galloise. Peut-être est-ce un voyage, parmi les moments historiques du jazz. Vigueur du premier titre, en quartette, où Emil Spanyi donne toute sa verve d’improvisateur, avant une ballade où la basse va s’épanouir à l’archet, en dialogue avec le piano de Paul Lay. Retour au plus vif, dans un thème qui fleure bon le souvenir des grands orchestres : à quatre ils ravivent cette époque épique, mais les improvisations fleurent bon le jazz d’aujourd’hui. Plage après plage, c’est une parcours panoramique dans les langages du jazz tel qu’on le parle en 2022, la mémoire en éveil, l’inspiration aux aguets. Absolu bonheur d’écouter François Jeanneau, sur qui le temps paraît n’avoir aucune prise. Cohésion du groupe qui manifestement vit ces instants comme une fête : beaucoup des thèmes semblent porter le souvenir des harmonies et des structures de standards, parés d’habits neufs. La magie du jazz en somme, intemporelle, et pourtant toujours en éveil sur le fil du temps.
Xavier Prévost