Pascal Bréchet (direction, compositions, arrangements, guitare, effets), Sophia Domancich (piano électrique), François Cotinaud (saxophone ténor, clarinette), Philippe Lemoine (saxophone ténor), Xavier Descarpentries (trompette, EWI), Jean-Luc Ponthieux (guitare basse, contrebasse), Cyril Hernandez (percussions, voix, effets), Éric Groleau (batterie)
Soissons, 15 juin 2011
Musivi MJB 029-030 CD
https://poeticavivace.com/produit/naked-lunch-pascal-brechet/
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Comme un rêve éveillé. Enregistrée à l’issue du concert de clôture d’une résidence artistique, cette musique aurait pu ne pas voir le jour sous forme d’un double disque. Les aléas d’un projet qu’il fut malaisé, en ces temps frileux, de faire revivre sur scène, puis la mort du batteur Éric Groleau, sans oublier la pandémie, ont failli nous priver de la découverte de cette pépite. La référence à l’École de Canterbury, et au groupe Soft Machine, est limpide. Car le nom du célèbre groupe britannique est emprunté à un livre du poète-romancier-plasticien Williams S. Burroughs, The Soft Machine ; tout comme ce disque renvoie à un autre écrit de Burroughs, The Naked Lunch. La musique qui se joue ici n’est réductible à aucune des appellations qui désignèrent naguère (c’est presque jadis….) le jazz conquis par l’électricité et l’électronique. Ni Jazz-rock, ni Jazz-fusion, ni Fusion tout court, mais Jazz assurément, car c’est un musique d’aventure, d’audace, de vertige et de prospective. Il serait vain de traquer des analogies avec la structure du roman de Burroughs, sa topographie singulière ou ses personnages. Peut-être doit-on s’en remettre au voyage intérieur sous substances, ou à la notion cut-up d’ou procède la littérature de Burroughs et de quelques autres. En tout cas l’esthétique et les compostions sont fécondes, les solistes sont inspirés, et le mouvement collectif est saisissant. Une seule composition, celle sui conclut le second CD, n’est pas du guitariste-leader : c’est Teeth ; elle avait été signée par le claviériste Mike Ratledge pour le quatrième disque de Soft Machine. Ce titre est ici dans une version étendue et reformulée. D’un bout à l’autre, ce disque est un très beau moment de musique vivante, et habitée !
Xavier Prévost
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