Régis Huby (violon, violon ténor, électronique, composition), Tom Arthurs (trompette), Eivind Aarset (guitare, électronique), Bruno Chevillon (contrebasse, électronique), Michele Rabbia (batterie, percussions, électronique)
Les Lilas, juin et juillet 2023
le triton TRI-22566 / l’autre distribution
Ce disque prolonge des projets antérieurs (avec d’autres instrumentations), où les cordes croisaient déjà les sortilèges de l’électronique, toujours sous le sceau d’un lyrisme qui jamais ne se dément. La trompette et le violon se font vocalité et une pulsation, tantôt explicite, tantôt subliminale, parcourt cet univers intérieur qui se donne à voir en même temps qu’il se dissimule. Mystère de l’intériorité, magie de l’implicite. Bouleversante expressivité de tous les instruments. Ici la technologie, discrètement présente dans le traitement du son, est au service de «la musique de musiciens, entièrement faite à la main», comme aimait à le dire naguère l’Ami batteur-chanteur Jacques Mahieux. Tout un monde surgit de cette rencontre musicale, brassant un instant une sorte d’énergie rock dans une pulsation qui réveille le Stravinski d’avant 1914 : en cet instant ce serait presque une espèce d’électro-rock de chambre…. Comme l’expression ultime d’un projet esthétique qui est foncièrement artistique.
Le disque est dédié à la mémoire de l’Ami Denis Badault, parti en quelques semaines d’une maladie foudroyante. À quelques jours des séances d’enregistrement, le 27 juillet, au Crématorium de Sète, Régis Huby était là, avec beaucoup d’amis communs dont certains avaient traversé la France, pour un ultime hommage à Denis Badault. Encore une trace de ce monde intérieur, caché sans doute, mais qui, dans la vie comme dans la musique, nous rappelle la force du partage.
Xavier Prévost