CSABA PALOTAÏ STEVE ARGÜELLES SIMON DRAPPIER
Sunako
Label BMC www.bmcrecords.hu
BMC Live | Csaba Palotaï | Simon Drappier | Steve Argüelles: THE TRAIL (youtube.com)
Après le poétique Cabane Perchée en 2021, le guitariste hongrois Csaba Palotaï et le batteur britannique Steve Argüelles continuent en trio cette fois, avec le Français Simon Drappier autre guitariste qui joue un modèle baryton, polyinstrumentiste qui pratique aussi l’arpeggione (guitare violoncelle) et la contrebasse.
Enregistré sur le très actif label de Budapest BMC, sans casque, ensemble, en condition de totale improvisation. Lâcher prise? On laisse tourner les bandes et comme le suggère Wladimir Anselme dans des notes de pochette plutôt inspirées, ici point d’ego, ni de power trio. Ce n’est pas le Crossroads de Cream pour vous donner une (contre)idée, mais techniquement c’est aussi très fort et plutôt cohérent en dépit d'influences diverses.
Dix compositions aux titres mystérieux forment donc Sunako. Kesako? Du japonais, un prénom féminin qui signifie “l’enfant des sables” , on partirait alors sur une musique des espaces désertiques, nomadiques du Niger, du Sahara avec “Aïr”. Sans être nécessairement aride ces mélopées induisent une transe douce, accentuée par des boucles et autres effets électroniques (synthé omnichord, vocoder sur le dernier titre chanté “Ricerca”). Le périple ne fait que commencer, la boussole s’affole pour une errance guidée par ces thèmes répétitifs en diable que sont “Buckboard”, “Arsenal”. On s’agite avec le tempo rapide de “Phosphore II” avant de replonger dans les brumes électr(oni)ques d’Henriette” qui peuvent faire songer en plus continu et langui à certains effets et effluves de Neil Young dans Dead Man. “Dark side” peut d’ailleurs être une autre traduction de Sunako. “Dalva” marmonné par Steve Argüelles est-il conçu en souvenir de Jim Harrison, des musiques tribales de l’ouest américain, des galops au ralenti dans la prairie perdue? Après le chariot (buckboard), la piste “Trail” qui sera peut être la dernière. Les guitares recréent certaines images du genre ou plutôt les contournent en restant dans une même perspective, horizontale cette fois. Le trio au maintien hiératique nous fait voyager immobile dans la musique d’un film rêvé inspiré par ce Sahara quelque peu revisité et ces western blues qui peuvent charmer ou lasser. A moins que l’on ne se laisse envelopper par ces guitares psychédéliques qui n’ont pas la furia de certains groupes rock et rock prog des années 70 mais ramènent pourtant irrésistiblement en arrière.
Finalement le courant passe, suffit d’être en phase.
Sophie Chambon