Un titre à lui seul, « Night Cap », résume la vie et le style de Michel Sardaby qui vient de disparaître le 6 décembre à l’âge de 88 ans.
Cette composition donne son titre à un album enregistré en 1970 avec deux comparses aussi occasionnels que brillants, Connie Kay (batterie) et Percy Heath(contrebasse), heureux de quitter un moment la rigueur du MJQ.
‘Night Cap’, c’est le dernier verre avant de se mettre au lit. Le martiniquais Sardaby s’y entendait, lui l’amateur de rhum, à distiller rythme et mélodie dans ce style be-bop bien reconnaissable. Un style qui lui assura au Japon une renommée comparable à celle d’une autre icône du jazz français, Barney Wilen.
Éternel insatisfait, Michel Sardaby, enseignant respecté, avait depuis longtemps abandonné tout travail au service des autres. Sa conception du jazz était inchangée depuis ses premières prestations dans une brasserie à Fort de France avec des musiciens américains de passage : une musique festive ! Et pour illustrer son propos, ce jour de 2008 lors d’un entretien avec l’auteur de ces lignes, Michel Sardaby s’installait à son piano, un Pleyel 1934 et interprétait une de ses compositions, « Night Blossom », une œuvre finement ciselée dans les mains de cet ancien élève de l’école Boulle.
Jean-Louis Lemarchand.
©photos Jean-Luc Noël et Pierre de Chocqueuse.