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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 16:55

Hervé Sellin (piano & piano électrique) et sur deux plages Claude Egéa (bugle)

Meudon, 13-15 septembre & 8 octobre 2023

IndéSens Calliope Records IC 012 / Socadisc


 

Après l’album «Claude Debussy», enregistré en 2017 pour le même label, et publié en mars 2018 à l’occasion du centenaire de la mort du compositeur (http://lesdnj.over-blog.com/2018/04/debussy-vu-du-jazz-par-herve-sellin-et-enrico-pieranunzi.html), Hervé Sellin se penche sur la musique de Gabriel Fauré (en novembre ce sera le centenaire de sa mort) et celle de Maurice Ravel (qui leur survécut jusqu’en 1937). Cette trilogie a un sens, si l’on veut bien se souvenir de ce que le jazz est allé quérir dans leurs langages respectifs. Alors que pour Debussy il était allé chercher du côté des pièces pour piano, Hervé Sellin puise cette fois dans des œuvres orchestrales et vocales (sauf pour ses digressions très personnelles autour du Prélude pour piano de Ravel). Tout au long du disque, c’est une sorte de déambulation amoureuse dans des trésors de ces musiques : trois moments du Requiem de Fauré, ainsi qu’une mélodie - Après un rêve - et la célèbre Pavane du même compositeur. Pour Ravel on chemine de Daphnis et Chloé à la Rhapsodie espagnole en passant par la Pavane pour une infante défunte ; avec aussi deux digressions en duo piano-bugle autour du Concerto en sol majeur et de Ma mère l’Oye. L’amour de ces musiques, autant que la revendication de liberté et d’imagination, président à cette belle entreprise. Le pianiste interroge les harmonies en les transgressant, effleure les lignes mélodiques en les entraînant vers d’autres voies. Sa science du piano et de la musique, côté classique (sa formation au Conservatoire de Paris) comme dans le jazz (qu’il a pratiqué avec les plus grands avant de l’enseigner dans le conservatoire qui l’avait formé), lui donne la liberté d’enfreindre en magnifiant, de contourner sans manquer l’ultime but, d’intensité et de beauté. Dans le livret du disque il commente pour chaque pièce, de manière limpide, le cheminement autant que l’intention. Dans cet exercice, souvent tenté par les artistes de jazz, de puiser dans le répertoire classique (au sens large : du baroque au vingtième siècle) pour produire leur propre musique, exercice périlleux qui a suscité parfois des déceptions, Hervé Sellin nous offre une fois encore le témoignage d’une incontestable réussite. Au plus haut niveau.

Xavier Prévost

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