Kosmos 2024
Robinson Khoury (tb, modular synth & vc) ; Anissa Nehari (perçus, vc), Léo Jassef (p, synth, vc) + Lynn Adib (vc), Natacha Atlas (vc)
Robinson Khoury ne cesse de s’imposer comme l’une des révélations et des talents de la scène hexagonale. Comme tromboniste tout d’abord. On l’avait découvert lors de son premier album ( Broken lines) puis au travers du groupe Sarāb. On a appris ensuite qu’il était un formidable chanteur. Il nous restait à découvrir le compositeur et arrangeur. Et là, nouvelle révélation. Robinson Khoury impressionne en effet par la qualité de son écriture et par ses arrangements. Par une certaine profondeur de style aussi.
Car Robinson Khoury livre dans cet album, Mÿa une écriture sublime qui est à la croisée d’une nouvelle forme de jazz-fusion où se mêlent les fondamentaux de cette musique avec une pop orientale qui invite à une forme de transe électro. L’univers de Robinson Khoury navigue ainsi entre scènes fantasmées et onirisme parfois sombre. Il y a dans cet album une sorte de déambulation fascinante comme dans de longs couloirs où viennent s’entendre des timbres, des sonorités et des couleurs différentes. On est toujours en éveil dans ce dédale où se mêle l’acoustique, l’électrique et l’électro dans ce voyage dans un orient modernisé aux mille facettes. Dans une configuration minimale, c-a-d en trio, Robinson Khoury parvient pourtant à donner une forme vraie orchestrale, pleine et dense où le tromboniste s’y fait vocaliste ( tant à l’instrument qu’à la voix) et où les contrechants se juxtaposent dans un métissage fait de nappes et de timbres.
Il y a définitivement quelque chose de magique dans cette musique de Robinson Khoury qui ancre le jazz dans une forme de modernité syncrétique.
Jean-Marc Gelin