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20 octobre 2024 7 20 /10 /octobre /2024 08:48
ADELE VIRET QUARTET         CLOSE TO THE WATER

ADELE VIRET QUARTET

CLOSE TO THE WATER

 

Label LZI415/ L’Autre Distribution

www.adeleviret.com

 

Adele Viret, cello, composition

Wajdi Riahi, piano, Fender Rhodes, vocals (7)

Oscar Viret trumpet, vocals(5,7,9)

Pierre Hurty, drums

 

 

Le nom de Viret évoque sûrement quelque chose, n’est-ce pas? C’est que dans la famille Viret la musique est essentielle : avec son plus jeune frère Oscar, trompettiste, Adèle violoncelliste forme avec son père, Jean-Philippe, contrebassiste, un Triumviret savoureux et remarqué.

A vingt-cinq ans Adèle Viret a déjà une solide et belle expérience musicale ( ONJ des Jeunes Denis Badault, Sessions Medinea), des projets et de la musique plein la tête. Et ça s’entend dans ce groupe d’amis qui ont partagé de nombreuses aventures musicales depuis le conservatoire. Comment se joue cette partition très écrite, au piano pour commencer qui évolue et se fortifie en quartet? La trompette est indispensable à l’équilibre cello-piano-batterie. Oscar Viret semble à l’aise dans ce contexte : il est difficile de retrouver ses influences si ce n’est Ralph Alessi, Ron Miles? Quelque peu lunaire, voire élusif, le son droit flotte léger et fantasque.

Dans l’aventure émouvante d’un premier album, Adèle Viret, variant les nuances et climats, fait se croiser mystères, instantanés et révèle le tempérament d’une personnalité musicale à découvrir. La singulière cohérence de l’album découle de l’inspiration au plus près de l’élément liquide, sans terrain balisé pour autant : de nombreuses ruptures de rythme parfois inattendues, des dissonances à grands coups d’archet, un jazz de chambre volontiers bleuté, une musique énergique ourlée de lumières et vapeurs.

Close to the Water soit l’alternance de rivages Nord-Sud, de la Bretagne à la Méditerranée, la mer encore et toujours oriente les compositions d’Adèle, mélodies atmosphériques aussi lumineuses que mélancoliques. Le morceau-titre qui débute l’album favorise le duo batterie trompette avant que le violoncelle et le Fender n’interviennent. La mélodie peut alors se déployer.

Choral to the sea, une mélodie entêtante des Balkans dont le souffle dans le rythme ne retombe pas et Ceux qui sont loin sont deux pièces inspirées par la mer Méditerranée. La seconde, une élégiaque ritournelle, fut écrite dans le cadre enchanteur de la Fondation Camargo de Cassis, pendant une des sessions de Medinea, projet trop peu connu développé au cours du Festival d’Aix en Provence pour favoriser les échanges entre jeunes musiciens de toute la Méditerranée sous la direction du saxophoniste belge Fabrizio Cassol qu’elle reconnaît volontiers comme un mentor.

Suivent encore dans ce recueil d’impressions tournées avec élégance “Novembre” plus sombre et opaque parfois, “Made in” (Méditerranée bien sûr, le tropisme est connu à présent) où le duo fraternel se rapproche complice, mêlant heureusement leurs timbres singuliers en contraste avec l’autre duo impeccable piano et batterie. Une rythmique puissante et vigoureuse qui excelle par ailleurs dans ce singulier “The Watchmaker” qui se démarque dès le tic-tac initial : une précision toute mécanique comme il se doit dans cet exercice d’horlogerie fine.

Quant aux Courbes, comme celles de la pochette, elles s’apparentent aux vagues où se rejoignent trois voix complices au-dessus de la batterie qui concasse les sons comme des galets sur un sable rendu soyeux par le flux et reflux.

Dans ces divers tableaux, chanteurs à leur manière, les partenaires suivent une musique lyrique et retenue à la fois. Avec le quartet d’Adèle Viret, on aborde la fin de ce voyage maritime en résonance avec une prière qui s’éteint doucement.

 

Sophie Chambon

 

 

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