222 musiciens du XXème siècle par 222 écrivains.
Editions Fayard. 768 pages.
En librairie depuis le 30 octobre.
ISBN : 978-2-213-72755-4
Les titres peuvent être trompeurs. « Les mots de la musique » ne constituent nullement un dictionnaire destiné aux élèves des conservatoires ou amateurs en quête de connaissances. L’ouvrage réalisé sous la direction de Franck Médioni (auteur de nombreuses biographies, ancien producteur à Radio France), constitue, aux dires d’icelui, « une anthologie littéraire, une déambulation libre, une mosaïque bigarrée aux écritures multiples ». Précisément, ils sont 222 contributeurs (interprètes, journalistes, romanciers…) qui ont choisi d’évoquer, selon leurs propres mots (on y revient) un musicien (ou une musicienne) du XX ème siècle.
Parcourir ce vaste volume (plus de 750 pages) nous donne l’occasion de retrouver les figures marquantes, connues ou non (c’est là un des plaisirs du lecteur, la découverte), dans tous les domaines de la musique : classique, contemporaine, rock, pop, chanson française et bien sûr le jazz y compris le blues largement représenté avec plus de 70 récits et portraits. Au fil de cette déambulation, on croise ainsi pour « l’équipe de France » de la note bleue Michel Portal, Martial Solal, Bernard Lubat, Michel Petrucciani, Jean-François Jenny-Clark, Joëlle Léandre, Marc Ducret, Daniel Humair, Jac Berrocal, Django Reinhardt, Stéphane Grappelli….
Ces 222 chroniques, de Marguerite Monnot aux Rolling Stones, de Steve Reich à Ravi Shankar -prennent des formes diverses : des études sous forme de coups de cœur ( Erik Satie sous la plume de Pascale Roze, prix Goncourt 1996 pour Chasseur zéro), des témoignages (Nadia Boulanger vue par Tiphaine Samoyault, la fille des conservateurs du Château de Fontainebleau, où enseignait la sœur de Lili, la compositrice de Pie Jesu), des souvenirs de tournée (savoureuses évocations de Johnny Griffin par le saxophoniste Olivier Témime, de Stéphane Grappelli par le contrebassiste Jean-Philippe Viret, de Jean-Louis Chautemps par son confrère François Jeanneau…).
Accéder à ces textes qui passent en revue de manière tout à fait subjective la foisonnante histoire musicale du XX éme siècle se mérite. Le livre adopte une présentation alphabétique des auteurs et retient des titres pas toujours explicites (exemple, l’article de Philippe Claudel dédié au groupe anglais The Stranglers et titré simplement ‘No more heroes’). Le lecteur doit donc se référer aux deux sommaires en fin d’ouvrage (par auteurs et musiciens). On eut apprécié également quelques éléments biographiques sur chacun (e) des auteur(e)s. Reste que la lecture sans guide ni repères, au petit bonheur la chance, peut avoir ses charmes.
Jean-Louis Lemarchand.