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14 novembre 2024 4 14 /11 /novembre /2024 09:43

     Un des maîtres de la batterie, Roy Haynes, qui joua avec les plus grands (Charlie Parker, Louis Armstrong, Lester Young, Miles Davis, Eric Dolphy, John Coltrane…) et dont le style tout en finesse suscite une admiration unanime chez les musiciens et amateurs de jazz, est décédé le 12 novembre dans l’État de New-York, à l’âge de 99 ans.
 


     « Le père de la batterie moderne », selon le guitariste Pat Metheny, excellant dans l’expression minimale, aux balais ou à la cymbale charleston, dernier acteur de la grande épopée du be-bop, Roy Haynes n’aura eu qu’un seul regret dans sa vie, ne pas avoir intégré l’orchestre de Duke Ellington. « Duke voulait que je rejoigne son orchestre, nous confia-t-il en 2009. L’ambiance qui régnait dans le groupe ne me convenait pas. Mais l’idée que Duke Ellington souhaitait m’engager, voyez-vous, c’était la plus grande marque de respect au monde qui m’était adressée ».
 


     Le batteur Jack DeJohnette définit ainsi le style de Roy Haynes : « une alliance rare de l’école de la rue, d’une haute sophistication et de soul ».   Lui remettant les insignes de commandeur des Arts et Lettres en mars 2009 à Paris, la ministre de la culture Christine Albanel relevait « le swing inimitable, le jeu crépitant, sophistiqué et élégant ». Elégant derrière ses futs comme à la ville : ne fut-il pas classé par le magazine Esquire en 1960 parmi les hommes les mieux habillés des Etats-Unis aux côtés de Miles Davis ?

     Pendant plus de 80 ans (le natif de Roxbury, Massachusetts le 13 mars 1925, fils d’un organiste, donna ses premiers concerts à 17 ans), Roy Haynes n’aura cessé d’innover, influençant des générations de batteurs et donna le goût de la batterie à ses descendants (son fils Craig et son petit-fils Marcus Gilmore). Et dans le même temps, il aura toujours donné sa chance à de jeunes talents au sein de son propre groupe. Une double contribution à l’histoire du jazz qui lui valut en 2011 de recevoir un « Grammy Award Life Achievement ».
 


     Laissons le dernier mot au saxophoniste Stan Getz son contemporain (1927-1991) : « Roy atteint les sommets de la finesse, du goût et du toucher. Il a l’oreille la plus développée de ce côté-ci du paradis ».

 


Jean-Louis Lemarchand.

 


N.B. : La carrière de Roy Haynes est passée en revue dans un coffret de trois cd et un DVD publiés en 2008 par Dreyfus Jazz «  A life in Time : The Roy Haynes story ».

Il propose des enregistrements avec Miles Davis, Charlie Parker, Stan Getz, John Coltrane, Chick Corea entre autres et sous son propre nom en tant que leader.

Il comprend un livret signé par Ashley Kahn, historien du jazz et un DVD de 40 minutes avec interviews de Roy Haynes et concerts exclusifs.

 

On pourra lire avec intérêt dans l’histoire du Be-Bop d’Alain Gerber (Frémeaux & Associés. 2024) le chapitre consacré à Roy Haynes « l’homme de la parole heureuse ».


©photo Jb Millot, J.-L. Lemarchand et X. (D.R.)

 

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