DMITRY BAEVSKY ROLLER COASTER
Sortie 6 Décembre 2024
Fresh sound New Talent/Socadisc
C’est le onzième album du saxophoniste russe Dmitry Baevsky qui vit aujourd’hui à Paris après s’être formé à New York : il reste donc sous influence de ce bop délicieux qu’il revisite avec talent. Il a créé un quartet “américain” en invitant l’une de ses idoles, pointure de la guitare jazz Peter Bernstein avec lequel il partage les envolées de ces montagnes russes, traduction appropriée en français de “Roller Coaster” qui illustre parfaitement ces hauts et bas émotionnels que la sélection judicieuse des titres nous fait revivre. La rythmique discrète mais excellente Dave Wong à la contrebasse et Jason Brown à la batterie propulse les deux solistes qui jamais ne se disputent l’avantage comme dans ce Matador du maître Grant Green. Une entente cordiale, raffinée et une musicalité évidente. Dès les premières notes on est pris par le jeu souple, virtuose, maîtrisé, le timbre et le phrasé sensuel de l’altiste, d’une élégance nonchalante. Out of time du regretté Benny Golson, ce pourrait être la griffe du passé qui fait retour, thème repris avec une intensité lyrique qui se combine à une douceur obstinée,
Gloomy Sunday, la tristement célèbre chanson du Hongrois Rezso' Seress est un exemple parfait du style du quartet, tout en juste retenue, sans aucun débordement dans la précision de chaque instant, entre élan et dépression. Un sens de la mesure, des couleurs et energies, en faisant passer par des nuances les émotions contrastées des compositions choisies.
Onze titres composent l’album avec deux compositions originales de Dmitry Baevsk, une cohérence dans ces musiques qui parfois se répondent. Les reprises vont voir autant vers Duke Ellington que Ray Charles. Sur ce Mount Harissa libanais, tiré de la Far East Suite du Duke, on se laisse piéger sur ces chemins de traverse, envoûté par les souples ondulations, les sinuosités du phrasé du saxophoniste et du guitariste.
Sur The Sun has died que Ray Charles avait adapté à partir de l’original français (!) “ Il est mort le Soleil’’ ( Pierre Delanoe, Hugues Giraud) de Nicoletta, le saxophoniste garde le sens dramatique de ce blues jusqu’à un final qui meurt dans le souffle. Rien à voir avec le swing du Sentimental blues plus décontracté qui suit, toujours de Ray Charles.
La cadence accèlère avec ce Will you still be mine? dans l’urgence de la déclaration ou la recherche de la confirmation. La machine s’est emballée avant de continuer et de s'abandonner, rassurée sur un éclatant calypso de Tommy Flanagan (titre de 1957) Eclypso.
Cette musique procure un plaisir immédiat qui dure tout le temps de l’album aussi délicat que fougueux. A écouter d'une traite.
Alors comment ne pas conseiller aux Parisiens d’aller aux concerts du quartet
16 Décembre
Salle Pleyel TSF JAZZ - You & The Night & The Music
Paris, France
Dmitry Baevsky & Peter Bernstein
17 Décembre
Sunside Jazz Club
Dmitry Baevsky Quartet
with Peter Bernsein, David Wong & Jason Brown
Sophie Chambon