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5 juin 2007 2 05 /06 /juin /2007 07:26

JJJ DAVID PREZ et ROMAIN PILON 

Fresh Sound New talent 2007

prez-pilon.jpg

 
On est carrément fiers de ce côté-ci des Alpes de voir que Jordi Pujol en grand dénicheur de nouveaux talents du label Fresh Sound, en grand chasseur des futurs grands saxophonistes, soit allé chercher de l’autre côté de l’Atlantique nos deux frenchies alors que ceux-ci étaient un temps embusqués du côté de New York. Il faut dire que malgré leur jeune âge ces deux jeunes gens ont déjà un parcours confirmé. Prenez le saxophoniste David Prez. D’abord on serait tenté de lui demander si un tel patronyme n’est pas un  handicap pour devenir saxophoniste ténor eut égard au fait que le dernier qui portait ce blaze en guise de surnom n’était autre que Lester Young ! Rien moins…. Mais on a du lui faire la vanne 2000 fois par an alors vous pensez bien que c’est pas nous qu’on va être lourds ! N’empêche ce garçon (dont on ne connaît pas l’âge mais qui semble à peine tombé du nid) a fait ses classes chez Michael Brecker, Jerry Bergonzi et déjà enregistré un album avec Bill Stewart. Quand au guitariste Romain Pilon (dont on ne connaît pas l’âge non plus), son parcours à la Berkelee de Boston a déjà remporté 3 awards et joué en première parte de Pat Metheny. Rien que ça ! Alors quand on a l’âge qu’ils ont (au jugé entre 25 et 25 ½ ans !), quand on a traîné ses guêtres dans les clubs de New York avec des musiciens de leur génération, que l’on est un saxophoniste et un guitariste, s’il est une référence qui s’impose aujourd’hui sur la scène post New-yorkaise, c’est forcément celle de Kurt Rosenwinkel et de Mark Turner, référence obligé sinon obligatoire pour toute une génération de musiciens actuels. Au point que l’on peut craindre en début d’album que cette référence soit un peu trop appuyée comme une sorte d’hommage ou comme un désir de montrer qu’on peut faire pareil. Et force est de constater que ces jeunes gens impressionnent littéralement.  Le phrasé, la façon de moduler sans jamais donner  dans l’expansif, leur façon de contrôler et le son et la phrase, jamais démonstratifs mais toujours sous contrôle est la marque des grands. Pas grand-chose à redire donc sur le plan technique. Mais ils vont au-delà et l’on entend chez eux d’autres références comme celle du grand frère français, Jérôme Sabbagh (clins d’oeil évidents à l’album North de ce dernier par exemple) ou encore des références à la pop music comme dans Emma’s song qui nous semble tout droit sortie d’un album de Radio Head. David Prez dans un style post Hendersonien affiche une grande maîtrise harmonique et son phrasé bien que tranchant sait prendre des inflexions graves qui le démarquent un peu de la tendance post funk actuelle. Quand à Romain Pilon on adore sa façon de jouer legato avec une discrétion qui n’a d’égale que la chaleur de son discours terriblement efficace. Deux tout bon assurément. Et puis la véritable performance de cet album est celle de sa mis en scène et de sa progression qui parvient à dépasser son côté très formaté. Portés littéralement par une rythmique de très haut niveau et par un Karl Jannuska stupéfiant, le quartet parvient à hisser son niveau de jeu en fin d’album, à imposer un groove (Dark Side). L’association du batteur avec Yoni Zelnik est aussi une vraie révélation. La fin de l’album sur un morceau (Collecting Nights) qui commence très froidement et se termine superbement montre un réel sens de la Direction Artistique  dont le mérite repose en grande partie sur le talent de Jordi Pujol.

Jean-Marc Gelin

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