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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 21:56

Telle une volée de moineaux en liberté vous allez donc prendre la route aux quatre coins de France ou du Monde. Nord-Sud-Est-Ouest. A coup sûr (et nous vous en remercions), vous allez emporter avec vous les quelques (douze derniers) numéros des DNJ que vous n’avez pas eu le temps de lire histoire de rester un peu connectés à l’actualité du jazz. Pour peu que le temps s’y mette ce sera pour vous hot jazz sur la plage. Mais surtout restez bien attentifs car vous ne le savez peut être pas mais là où l’on joue du jazz, il y a parfois sous la plage quelques pavés magnifiques.

Juillet 1965. Souvenez vous ce soir là ou plutôt imaginez. Côte d’Azur. Antibes. Dans la torpeur des nuits d’été lorsque le soleil a définitivement disparu mais que la chaleur reste là, étouffante, éreintante. Lorsque le climat est à l’orage, accablant malgré le léger vent frais venu de la nuit de la mer. Ce soir là dans cette nuit bleue s’élevait l’ivresse du chant de Coltrane. Un chant d’amour suprême. Un chant vers Dieu offert aux astres de la nuit azuréenne. Vers la nuit de ce bleue de Trane. Comme s’il s’agissait de mourir là, en jouant. Comme s’il était vital de dire alors ce qui apparaissait comme une vérité consubstantielle du chant et de l’amour. Le jazz n’était pas ce soir là affaire de musique mais de bien d’autres choses. Il y avait Dieu dans ce jazz là et il y avait aussi l’essence du génie qui n’en est certainement que le prolongement. Il y avait la coexistence brute et sauvage de la beauté radicale. La confusion magnifiquement suprême des astres, de l’amour, du musicien et de son chant poussé à la vie par la mort. Ce chant là était aussi divin qu’il portait en lui la marque (involontaire) d’une révolution en marche.

Et ce soir là bien sûr, même s’il ne s’agissait que d’amour, sous la plage se trouvait le pavé qu’il jetait sur la scène du jazz et qui, comme tout les pavés annonçait à sa façon une sorte de révolution et le monde ignorait alors sur l’instant que le jazz qui prendrait sa suite ne serait jamais vraiment comme avant, et deux ans plus tard l’âme de John Coltrane poursuivrait cette quête divine, d’une autre façon et John Coltrane disparaîtrait le 17 juillet 1967 il y a tout juste quarante ans, et John Coltrane laisserait à des générations de musiciens le témoignage de cette nuit qui n’aurait jamais dû finir sa marche universelle et donc éternelle parce qu’elle radicalisait alors tout ce que le jazz dit depuis toujours tant avec ses tripes qu’avec cette part viscérale de nous même qui tend vers le beau irrésistiblement attiré par une force aimantée et incontrôlable, qu’il dit un amour suprême auquel personne ce soir là ne pouvait alors résister tant il exprimait ce que chacun de nous sait de Dieu et de l’amour sans pourtant le savoir vraiment.

Cet été peut être partirez vous en vacances en chargeant A Love Suprême ou Chasin’ the Trane ou Ascension sur votre Ipod. Peut être pourriez vous aussi emporter cette réédition tant attendu du livre de Lewis Porter (John Coltrane – éditions Outre Mesure). Mais s’il vous plaît, si vous traînez quelque part dans un festival estival un soir vers le 17 juillet, écoutez bien ce qui se passe. Restez attentif à cette forme de musique que nous ne connaissons pas encore mais qui demain pourrait bien insuffler un nouveau vent venu cette fois des astres bleus. Et il se pourrait bien que ce soir là  aussi sous vos pieds se trouvent alors les pavés de demain.

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