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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 07:13

Ambrosetti.jpg
Enja 2008

Franco Ambrosetti (tp), Uri Caine (p), Drew Gress (cb), Clarence Penn (dm)

 Il y a de la rogne et de la gouaille dans cet album là !  Visiblement le trompettiste italien en génie virtuose qu’il est, n’est certainement pas venu en studio pour faire dans l’apathique, dans le fade et le sans goût. Lorsque l’on a à ses côtés une rythmique de rêve comme celle que constitue le trio de haute volée de Uri Caine avec Drew Gress et Clarence Penn, cela n’incite pas à la mièvrerie. Du coup aucun de ces quatre grands musiciens ne veut rester en reste et aucun n’est le dernier à se jeter allègrement dans la bataille, celle du rythme, celle du son et enfin la bataille de l’énergie sans laquelle, on ne le répètera jamais assez, il ne peut pas y avoir de jazz. Quelques standards comme Doxy de Rollins ou I’ve never been in love before côtoient des thèmes signé Ambrosetti ainsi que deux magnifiques compositions du pianiste Uri Caine dont un Stiletto de feu qui fait sensation. A 66 ans, le trompettiste italien n’a jamais paru aussi en forme et en telle possession de ses moyens. Qu’il utilise la trompette bouchée ou non, Franco Ambrosetti assure, laisse éclater le brillant du cuivre et la chaleur de ses timbres gorgés de soleil. Son mordant et son sens inné du rythme, du contretemps, sa puissance et son sens du jaillissement ont évoqué pour certains commentateurs le style de Clifford Brown. Nous préférons pour notre part invoquer ici Dizzy Gillespie dont on sent bien que Ambrosetti pourrait être le continuateur. Prolongeant ainsi le jeu gai, le jeu incisif, le jeu virtuose au lyrisme acéré. Son inspiration est évidemment boppienne et il trouve sur ce terrain là de formidables camarades de jeu, un peu inattendus dans ce registre là mais qui incontestablement contribuent avec force à la gniaque terrible de cet album. Comment alors ne pas être séduits par la grande inventivité du jeu de Ambrosetti à laquelle fait écho celle de Uri Caine. Ce dernier, comme toujours n’est jamais vraiment dans l’abnégation de l’accompagnement mais surtout dans l’inventivité rare dans ses chorus qui recèlent toujours quelques pépites étonnantes. Rarement linéaires et toujours surprenants. Deux duos dans cet album. L’un, avec le pianiste (lyrical sketches) et l’autre avec le batteur Clarence Penn sur un riff africain vient conclure sur une note exotique. L’exercice est parfait, stimulant et sonne là comme une sorte de leçon de maestria, un peu comme un cours magistral (un magistral cours) pour tous les apprentis de l’instrument qui ne manqueront pas de s’esbaudir devant la prouesse technique du virtuose. Il ne manquerait pas grand chos à cet album pour en faire un très grand cru sinon peut être un jeu un peu moins fermé, un peu d’espace, un peu d’aération dans le propos dont on reprochera simplement d’être assez serré et de nous laisser sans répit. Admiratifs mais un peu épuisés. Jean-Marc Gelin

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