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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 07:18
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Après « Invitation » voici le deuxième album de ce séduisant duo vocal constitué il y a quelques années entre Caroline Arène et Isabelle Gueldry. Entre les deux albums les deux femmes n’avaient pas disparu de la circulation mais s’étaient donné le temps de peaufiner un nouveau répertoire fait de nouvelles couleurs entre jazz et Brésil mêlé, à la recherche d’arrangements subtils où les mises en place harmoniques et rythmiques sont périlleuses. Tenez par exemple, aller s’attaquer à un Speak no Evil de Wayne Shorter ! Ou cette samba Frevo de Orfeu du genre à s’arracher les cheveux su le doublement de tempo.

Car le truc est là ! Caroline et Isabelle n’hésitent pas à prendre des risques et à se mettre en danger, refusant les « voix » d’un jazz vocal par trop formaté et souvent nombriliste. Elles, ne sont pas des chanteuses égocentriques, pas du genre à faire des filaments poético-filandreux. Pas de ça ici ! Ici seul le plaisir de chanter. Ici la seule et belle musicalité des voix qui n’ont pour d’autres buts que d’explorer un jazz vocal que visiblement elles adorent. Ici on y entend leur profond respect pour Mimi Perrin, si présente entre les lignes au travers de Feeling minor et surtout de Naïma qui renvoie inévitablement à l’inoubliable version des Double Six. Carine Bonnefoy est de l’aventure qui signe là des sublimes arrangements comme pour ce Portrait en Noir et Blanc de Jobim où elle réalise un travail d’écriture surprenant et poignant.

Les voix de Caroline Arène et Isabelle Gueldry ne sont pas celles de deux solistes. Elles se font surtout intrumentistes. Elles se font chanteuses qui s’unissent se séparent, contre chantent et mêlent leur voix si complémentaires comme deux tisserands tramant sous nos yeux des textures pastel. Des textures sur lesquelles les textes de Gill Gladstone (que l’on connaît pour en avoir signé pour Thierry Peala) apportent un surcroît de poésie. Sans pour autant jamais oublier la pulse celle qui fait le terrain de jeu des amoureux du jazz. De ceux qui savent faire swinguer les clubs de jazz (Nica ‘s dream). Certes tout n’est pas parfait et les deux chanteuses ne sont pas hyper à l’aise sur le phrasé du Brésilien  et certaines pistes auraient peut être mérité une ou deux nouvelle prise. Mais peu importe. Cet album est celui de l’enthousiasme, de l’amour du chant, de la passion de « chanter ensemble », de se situer dans l’instant du chant, dans l’écoute mutuelle et l’attention à poser sa voix en harmonie avec celle de l’autre. Nous en devenons alors les spectateurs attentifs, séduits par un paysage au charme fou. On l’a dit la réussite de cet album tient aussi en partie à la qualité de tous les arrangements. Le guitariste Serge Merlaud qui en signe quelques-uns uns, se fond, tel un caméléon dans l’univers des deux filles, y apportant autant de profondeur que de swing.  Guitariste remarquable d’intelligence du jeu et d’écoute dont le phrasé apporte non pas un supplément d’âme mais plutôt une âme en plus. Les chanteuses avec élégance, lui laisse même une plage Laps de temps où il s’exprime en trio avec autant de grâce que de sensibilité. Et puisque l’on parle de sensibilité, autant vous le dire tout de suite, les « cordes sensibles » c’est sûr ne sont plus deux, elles sont 8 !                 

Jean-Marc Gelin

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