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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 11:54

Insensiblement.jpg

 

INSENSIBLEMENT  (Django)

Alain Gerber

Editions Fayard, 322p  - 19 euros

django-gallimard.jpg 

 

DJANGO

Editions Gallimard Jeunesse Musique

Collection Découverte des Musiciens

1 livre + 1 Cd, 16 euros

 

 

 

Cette année ( l’année Django) les livres consacrés au guitariste de Samois, se succèdent. On aurait bien sûr aimé que la vraie référence en la matière, l’ouvrage que Charles Delaunay lui a consacré soit enfin réédité avec tout le matériau discographique. Certes on se ruera pour les plus passionnés ( et fortunés) sur les intégrales Django.  Mais à défaut d’accéder au Saint Graal on se contentera des quelques publications qui émergent ça et là. Certaines de qualité d’autres moins.


Au rayon didactique, les Editions Gallimard Jeunesse Musique poursuivent le travail consacré à l’histoire des grands musiciens de jazz raconté pour les enfants.  L’association de Remi Courgeon ( pour l’illustration), de Stephane Olivier ( pour les textes) et de Lemmy Constantine ( en narrateur du CD) a déjà fait ses preuves dans l’ouvrage consacré à Armstrong. Ici c’est un très bon travail pédagogique qui, en 12 pages à peine permet à nos chères têtes bondes de connaître Django. L’histoire racontée est très simple et les questions posée aux enfants  joue sur l’intercativité candide ( attention c’est à l’usage de 6-10 ans). L’ensemble est bien illustré par le dessin efficace de Courgeon et par une bonne iconographie d’archive. Enfin les 13 titres « incontournables » balaient 1937-1953. Une excellente façon en somme de faire entendre (et comprendre) autrement le jazz aux enfants.

  

Autrement ambitieuse est l’entreprise d’Alain Gerber, au rayon « Biopic ». Alain Gerber que l’on ne présente plus s’attache à peu près tous les ans à raconter toutes les grandes figures du jazz sous l’angle « le jazz est un roman ». Cette année, Django ne pouvait bien sûr pas faire exception.

« Insensiblement » est le titre d’un morceau interprété par Paul Misraki. C’est aussi un manière pour Alain Gerber de montrer le cheminement subtil qui conduisit Django entre le jazz du Hot Club de France et celui du Bebop naissant puis fleurissant dans les caves du Club Saint Germain où Django donna ses derniers concerts. En romançant à l’extrême son sujet ( au point comme souvent avec Gerber de ne plus savoir démêler le vrai du faux et en faisant parler son sujet intérieurement), l’auteur prend un angle d’attaque original et très noir où le guitariste est ramené à son état d’âme cornélien qui lui viendrait de sa fascination pour le jazz américain. Ce qui nous vaut un long détour par quelques clichés sur l’histoire du jazz, déjà racontés par Alain Gerber dans ses autres romans (détours par Coleman ou par Lester). C'est vrai qu'il y a cette rencontre avec Coleman Hawkins

et cette portion congrue à laquelle le guitariste eut droit dans l’enregistrement mythique du Honeysuckle Rose du 28 Avril 1937. Et certainement il y a le désir qui dû tirailler le guitariste entre sa soif de reconnaissance de la part de ses héros du jazz et son désir d’homme libre. Abordé sous cet angle, la désillusion du voyage Ellingtonien, fondement du livre, prend une certaine saveur romanesque. Et puisqu’il s’agit d’un naufrage, et qu’il s’agit d’un manouche qui a toujours affiché sa liberté sauvage, Gerber saute sur le sujet pour broder autour de son personnage une trame biographico-littéraire qui lui tendait les bras. Au point de s’y vautrer parfois en y faisant intervenir une Lorna supposée être la fille aux Yeux Noirs. Personnage fantomatique qui apparaît au fil des chapitres et donne lieu à de très mauvais passages,  d’une lourdeur littéraire à laquelle Gerber ne nous a jamais accoutumé.

Il n’en reste pas moins que Gerber connaît parfaitement son sujet et se pose en sondeur admirable de l'âme humaine. D'acocrd avec Franck Bergerot pour affirmer qu'en rompant aevc cette image d'épinal  du guitaritse Gypsy, Alain Gerber casse le cliché commode et donne un nouvel éclairage à la personnalité et à l'oeuvre du guitariste. Sous un autre jour, Gerber aurait pu aborder le guitariste au coin du feu, compositeur de symphonies, passionné par Charlie Christian, ouvert aux autres musiques avec une passion dévorante et enfin auteur des plus belles compositions de l’histoire du jazz. Il aurait alors pu  titrer alors son ouvrage …. «  Sensiblement ».

Jean-Marc Gelin

 

 

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