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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 07:25

COSA BRAVA : «  Ragged Atlas »

Intakt 2010

Fred Frith (g), Carla Kihlstedt (vl), Zeena parkins ( acc), Matthias Bossi (dm), The Norman Conquest (sounds), Anantha Krishnan (mridangam,tabla)

 

cosabrava

 

John Zorn et Fred Frith : «  Late works »

Tzadik 2010

John Zorn (as), Fred Frith (g)

zorn & frith

Fred Frith on le sait, malaxe les univers musicaux les plus divers pour s'approprier une musique réellement originale qui fait un peu office d'OVNi dans le paysage musical très formaté que nous connaissons aujourd'hui. Membre, entre autre du groupe Naked City et proche de Bill Laswell, le guitariste revendique des influences bien multiples. Un genre de caméléon capable de livrer dans un même moment un album avec son propre groupe (Cosa Brava) et un duo avec John Zorn soit

deux univers qui semblent ici radicalement différents mais qui, quand on connaît le parcours de l'un et de l'autre, trouvent des points d'interaction.

Dans Cosa Brava, Fred Firth compose en effet une musique très hétéroclite basée sur l'association subtile du violon de Carla Kihlstedt ,de l'accordéon de Zeena parkins et de la guitare. On pense aux travaux de Dreamers sauf que le spectre s'élargit ici. On y retrouve ainsi un univers pop à la Robert Wyatt (avec  qui il a d'ailleurs travaillé),  surtout dans les parties chantées et des danses gaéliques médiévales dont Fred Frith s'inspire, un peu à la manière de madrigaux. Une façon de rappeler que ce

Musicien anglais sait remonter à toutes les sources de son éducation musicale jusqu'aux classiques comme John Dowland. Cependant, très occupé à créer son propre espace musical, son univers si particulier, Fred Frith en oublie au passage le jeu improvisé auquel pourtant ses tourneries pourraient donner lieu. Le souci de travailler remarquablement la matière se fait ainsi au détriment de l'émotion qui peine ici à s'installer. Nous assistons à l'oeuvre à la fois fascinés et intrigués passant d'un morceau à l'autre sans repères ( c'est tant mieux) mais aussi sans fil conducteur. Car en effet les liner notes sont réduites à la plus simple expression et ne permettent pas de pénétrer dans l'intimité du travail de Fred Firth.

 

 

Les parentés avec John Zorn sont plus à trouver dans The Dreamers et dans l'orchestration superbe que dans le sens de l'improvisation ' choc" auquel nous habitue de saxophoniste. Il en est ainsi dans cet album avec Fred Firth qui explore les angoisses zorniennes au plus profond de la douleur, de l'angoisse et des tréfonds de l'âme humaine. Comme d'habitude avec Zorn les paroxysmes succèdent au accalmies non moins oppressantes. Aux cris qui semblent être d douleur, succèdent des notes tenues traversant des no man's land imaginaires. C'est du zorn pur jus que l'on retrouve avec bonheur au sax pour cet enregistrement qui date d’octobre 2009. Fred Frith ici met en valeur les textures, joue en gourou de cet univers démoniaque, installe les sons et les ruptures et parfait back up du saxophoniste ultra présent. Et le guitariste dans cet autre répertoire semble tout aussi à l'aise et décidément bien insaisissable.

Jean-Marc Gelin

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