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12 mars 2006 7 12 /03 /mars /2006 14:30

JJJJ MICHEL SARDABY: “Night in Paris  

 

 

 

 

Paris Jazz Corner 2006

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JJJJ

 

 

 

 

A 70 ans, Michel Sardaby, grand pianiste bop des années 60 fait son retour sur scène après 20 ans d’absence pendant lesquelles le pianiste martiniquais s’est beaucoup plus consacré à l’enseignement de la musique (il a même obtenu un award en 2004 pour son œuvre en matière éductative) qu’à jouer lui même. A l’occasion d’un concert donné pour fêter d’autres septuagénaires (les 70 ans de Jazz Hot), l’équipe de Paris jazz Corner (Arnaud Boubet en tête) a eu l’idée de restituer en un double CD, dans son ordre original ce concert donné à l’Archipel un soir d’avril 2005. A côté du fringuant pianiste on retrouve une rythmique d’une redoutable efficacité composée de deux petits jeunes,  Reggie Johnson à la contrebasse et John Betsch à la batterie. Et c’est dans cette ambiance  de club, bon enfant et devant un public tout acquis à leur cause que ce trio livra durant près de deux heures un concert autour des standards du répertoire bop. C’est sans souci et sans arrières pensée que les trois hommes revisitent des thèmes ultra connus ( Don’t Explain, Crazeology, Lush life, On green Dolphin street, Rythm a ning etc…) d’autres un peu moins (comme ce Canadian sunset du très grand et méconnu pianiste, Eddie Heywood) ou encore deux compositions originales du pianiste. Le résultat, du moins pendant tout le premier set est absolument jubilatoire. Certes Sardaby c’est parfois Ray Bryant par son inspiration et son phrasé. Mais Sardaby démontre aussi à chaque phrase musicale combien il est parvenu à s’émanciper de ses maîtres d’hier. Sardaby surprend. Son phrasé dans le même mouvement alterne des attaques franches autant que les caresses légères de l’ivoire sous ses doigts. Véritable modulation aérienne de l’intensité du jeu. Jamais dans la facilité harmonique, Sardaby parvient toujours à se libérer des contraintes de la grille pour y revenir l’instant d’après ( il n’est que d’entendre ce qu’il fait sur Green Dolphin street où il est capable de s’embarquer sur d’autres pistes mélodiques et de nous ramener ensuite au thème). Rythmiquement il parvient à une sorte d’entente télépathique avec John Betsch comme lorsqu’il suspend sa phrase musicale et que Betsch s’arrête instinctivement de jouer, alors que nous autres attendions une descente straight de toute la longueur du clavier. A l’aise dans toutes les atmosphères (remarquable blues plus que lent sur Blues for JP and N, thème de sa composition), Sarbady est capable de réinventer voire de simplifier Monk au point d’en faire un pur pianiste bop (ce que lui reprocherons peut être certains). Très largement au dessus des pianistes de club, Sardaby dégage une véritable force jubilatoire. Au sommet de son art ce pianiste au phrasé et au lyrisme délicat ne cherche pas à moderniser les thèmes qu’il joue. Au contraire sa façon de les reprendre sur le mode de la musique bop est empreinte d’une véritable modernité. Pas la modernité tapageuse tape à l’œil et révolutionnaire. Non, plutôt celle de la réinvention quasi dialectique d’un discours bien connu.

 

 

 

 

Jean Marc Gelin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JJJJ

 

 

 

 

Musicien mythique au Japon, pianiste de collectionneurs (certains de ces albums s’arrachent sur ebay), connu en France mais de façon bien plus raisonnable, le martiniquais Michel Sardaby, est en train de faire son grand "retour" dans notre pays, même s'il a rarement quitté la métropole.  Il n'y jouait pas beaucoup, très estimé par la profession, mais peu connu du public.

 

 

 

 

Ce nouvel album fut enregistré en direct lors de la  double soirée anniversaire donnée à l’Archipel  en avril 2005, pour les 70 ans de la revue Jazz Hot et du pianiste (son premier disque «Blue Sunset» remonte à 1965). Paris Jazz Corner, à l’origine de cet album, est bien plus jeune, fêtant seulement quatorze années fertiles en rééditions bienvenues. Le pianiste  se produisait ce soir là en trio avec Reggie Workman à la contrebasse et John Betsch à la batterie. Sa discographie nous confirme qu’il a déjà joué avec ce trio au Japon, enregistrant un autre "Intense moment" en juin 1997. 17 titres gravés sur deux Cd, soit plus de deux heures de musique qui restituent le concert dans son intégralité.

 

 

 

 

Plutôt que de faire découvrir ses propres compositions (il n’y en a que deux sur l’ensemble des titres proposés), Michel Sardaby a choisi ce qui est certainement un exercice des plus périlleux aujourd’hui : reprendre des standards, de Gershwin à Ellington (Dont’ you know I care et Billy Strayhorn (Lush life), de Billie Holiday ( Don’t explain ) à Miles et Monk. Le public jubile sur certains titres, et on les comprend quand il s’agit de  In walked Bud ,  Rhythm-a-ning » et  Blue Monk .

 

 

 

 

Sardaby est souverain dans les thèmes bop qu’il exécute avec efficacité et originalité. Le bop est bien l’une des périodes les plus illustratives de cette musique de partage. A l’écoute de cette musique captée sur le vif, l’auditeur est frappé par le naturel avec lequel elle mêle audaces formelles, puissant flux vital et appel à la danse. On ne se lasse pas d'entendre les mêmes morceaux… parce qu'ils ne sont jamais les mêmes. C'est à un véritable bain de jouvence que nous sommes conviés, et les amateurs les plus coriaces (et les plus éclairés) y trouveront matière à découverte. Un vrai travail de relecture de toute une époque. Ayant de l’intérêt pour les mélodies, Michel Sardaby sait les adapter à son goût fervent, les imaginant à chaque fois différentes. Imposant sa manière dans une nouvelle "construction", il n' y a rien de moins convenu que la rencontre de ces trois musiciens qui s'inscrivent dans les modalités d'un chant venu des profondeurs, et qui produit dans son énonciation les formes de sa modernité. On y croit à nouveau, au moment même de son surgissement. Il ne faut pas se priver de ces petits bonheurs quand ils surviennent. Le jazz est assurément la musique de l'instant.

 

 

 

 

Sophie Chambon

 

 

 

 

 

 

 

 

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