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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 16:19

visuel D'Jazz Nevers Festival 2014

On ne vient pas seulement à Nevers pour célébrer Marguerite Duras (1914-96) dans la Rue de l’Oratoire rebaptisée de son nom en souvenir du tournage ici même d’Hiroshima mon amour par Alain Resnais. En novembre, les fondus de la note bleue se donnent rendez-vous depuis 1997 pour retrouver D’Jazz Nevers Festival, bâti sur un triptyque artistique, soutien à la création, aux artistes émergents et à la scène européenne. Ils étaient encore un peu plus nombreux pour cette 28ème édition (8-15 novembre), se félicite son directeur Roger Fontanel. Des Neversois et des Nivernais pour la plupart (70 %) mais aussi des habitués parisiens ou même étrangers attirés par la riche diversité de l’offre avec 30 concerts, de midi à minuit, et des tarifs étudiés (22 euros au maximum pour le double concert du soir au prix fort et 8 euros pour les moins de 18 ans). Impressions d’une immersion de 24 heures les 13-14 novembre dans la cité nivernaise.

WOODcChristophe-Alary.jpg

12 h. Pac des Ouches. La petite salle voûtée n’a plus une chaise de libre pour cette heure de jazz acoustique et gratuit. Atmosphère recueillie pour le duo Sébastien Boisseau (basse)-Matthieu Donarier (saxophones, clarinette). Musique à l’état brut mais non sans finesse. Belle évocation de Duke Ellington (Fleurette Africaine) et de Budapest, en salut à un label hongrois qui avait produit le duo. Aérien Donarier et terrien Boisseau sont à l’unisson. A retrouver sur « Wood » (Yolk), album disponible aussi en vinyl, comme c’est de plus en plus la tendance.

15h. Maison de la Culture. Débat sur « la pertinence d’un outil ressource pour le jazz et les musiques improvisées ». En clair, comment mettre à la disposition des professionnels –artistes, agents, organisateurs, journalistes…- les informations pratiques sur le milieu après la disparition en mai dernier du Centre d’Information sur le Jazz, animé par Pascal Anquetil. Deux heures d’échanges pour asséner une vérité, la nécessité de maintenir cette base documentaire et de faire le forcing auprès des instances officielles pour dégager un financement.

20.30. Maison de la Culture. Sur scène, un nonette français qui présente sa relecture du chef d’œuvre de Carla Bley, Escalator over the Hill. Un travail collectif de deux ans engagé avec le feu vert de la créatrice et qui se veut, commente le batteur Bruno Tocanne, un des co-initiateurs du projet avec le bassiste Bernard Santacruz, « ni nostalgique, ni obséquieux ». En tournée en Europe –une dizaine de dates encore prévues- Over The Hills rend bien-avec un effectif réduit-la majesté, la fougue libertaire de l’opéra-jazz des années 70. Mention particulière ce soir au chanteur et claviériste électronique Antoine Läng. Les 500 spectateurs sont scotchés. Et visiblement Steve Swallow aussi qui salue la performance en introduction de son concert en seconde partie de soirée. steve-swallow-quintet---marzena-ostromecka-copie-1.jpgQuintet de luxe, tout de noir vêtu, emmené par Steve (basse électrique) et Carla Bley (orgue Hammond), avec Jorge Rossy (batterie), Steve Cardenas(guitare) et Chris Cheek (saxo ténor). Ces cinq là vont à l’essentiel. Le résultat est très cadré et la forme tour à tour acérée et ronde. Grande classe. Chapeau bas les deux séniors de 70 printemps et quelque (Carla et Steve).

Lendemain 10.30. Auditorium Jean Jaurès.

 

 

 

 

Devant une petite centaine de collégiens, Jean-Charles Richard présente « Traces » (Abalone) aux saxophones (soprano et baryton) en compagnie de Peter Herbert (bassiste autrichien) et Christophe Marguet (batteur parisien).

Jean-Charles-RichardcJean-Michel-REGENT.jpg

Une heure de jouage et d’échanges où le saxophoniste à la double formation (jazz et classique) présente sa conception esthétique, évoque Vienne, Freud, le dodécaphonisme et Schönberg.

 

©Jean-Michel Regent

 

 

 


12 h. Pac des Ouches. Humour et déconstruction au programme pour Un Poco Loco, trio qui, comme son nom l’indique, salue l’œuvre de Bud Powell mais plus largement les jazzmen des années 50 (on se reportera à la chronique enchantée de Sophie Chambon). Coup de chapeauOTH--c-Yves-Dorison.jpg©Yves Dorison

 

aux Dizzy Gillespie, Kenny Dorham, Lee Morgan, « sans tambour ni trompette », glisse le tromboniste Fidel Fourneyron. Effets de souffle pour Fidel et Geoffroy (Gesser, saxo ténor et clarinette), pincements de cordes, jeu d’archet pour Sébastien Beliah (basse). Une (re)découverte d’un répertoire d’un bon demi-siècle avec brio et fraîcheur. Reprenant à son compte le titre d’un tube inoxydable, un témoin ose un (horrible) jeu de mots : « It’s now and Nevers ».


 

 

 

 

 

Jean-Louis Lemarchand                                     

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