30 avril 2006
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Le saxophoniste Laurent Bardaine, le guitariste Maxime Delpierre et le batteur David Ankin doivent partager une sorte de vision cinématographique de la musique. Car avec Limousine, le groupe qu’ils ont fondé, les trois hommes créent un véritable climat, un univers presque irréel entre les grands espaces à la Wim Wenders et les no man’s land d’un Jim Jarmusch. Par touches délicatement insensées, Limousine à chaque morceau nous raconte une séquence. Une sorte de road movie. Lente déambulation de somnambules dans des paysages éthérés où les rencontres les plus fantasmagoriques deviennent possibles au détour du chemin ou à l’occasion d’un interstice subrepticement ouvert. A coup de grands travellings musicaux les trois musiciens sillonnent des espaces oniriques, des univers en apesanteur où l’on croise même des petits bals où se dansent parfois des petites valses dérisoires (Valse, Patinages). Une mélodie triste à trois notes tourne inlassablement sur elle même (Les Noces). Des silences de fin du monde s’installent (Lilas) suivis de petites mélodies enfantines. Bardaine alterne le sax avec les claviers tandis qu’il émerge de la guitare de Delpierre des harmonies subtiles de guitare folk métallisées à la Ry Cooder. Il y a une force incroyable de cet album dans lequel il ne se passe pas rien. Éloge de la lenteur et de l’espace vide- habité où les trois hommes déroulent la toile avec une infinie patience. Pas de musiciens performants lançés dans de vains chorus. Juste une pâte sonore faite à petites touches sensibles. Magnifique poésie cinématographique de cet album à l’ineffable mélancolie.
Jean Marc Gelin
Published by Jean marc Gelin
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Chroniques CD