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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 06:32

Rééd. ECM 1978, 1980, 1982




Collin Walcott (sitar, tabla, dulcimer, sanza, timpani, vc), Don Cherry (tp, fl, org, mélodica, vc), Nana Vasconcelos  (berimbau, cuica, talkin drum, perc, vc)

La signification de CODONA : CO (pour Collin Wallcott), DO (pour Don Cherry) et NA (pour Nana Vasconcelos). Trois musiciens pour un trio éphémère qui en 4 ans aura publié trois albums réunis ici dans un superbe coffret, à l’initiative du label de Manfred Eicher. Trois albums pour trois versions différentes de cette musique dont il faut bien percevoir aujourd’hui combien elle fut alors novatrice et dont on perçoit aujourd’hui toutes les filiations qu’elle a su générer.

Si vous cherchez maintenant la signification de cette musique, alors il vous faudra vous préparer à un très grand voyage qui vous mènera au quatre coins du monde. Inventeurs, en quelque sorte du concept de World music, ces trois musiciens là avaient une vision du monde assez large pour ne pas s’enfermer dans une seule d’entre elle mais pour en réaliser au contraire une sorte de fusion unique, de melting pot musical. Ce trio voyageait et son voyage musical n’avait aucune frontière. On a toujours tendance à rechercher les influences de telle ou telle musique. Ici dans un syncrétisme parfait, le jazz se fond dans la musique indienne, dans un même mouvement (entendez un même morceau) puise dans ses racines africaines et s’enroule dans des mélismes arabisants. Les cris de la jungle peuvent surgir de n‘importe où, des voix apparaissent et disparaissent aussitôt et les improvisateurs s’expriment. Mais ce qui lie toutes ces musiques entre elles, ce qui les relie aussi au jazz, c’est le sens de la pulsation traditionnelle. Car en ramenant dans leurs bagages toutes ces musiques du monde, ils mettent en évidence l’universalité de la danse. Les tourneries s’installent. Chacun des membres du trio se fait polyinstrumentiste au gré des frontières. Aucun ne se fait virtuose, juste musiciens à la recherche de la musique « mère ». Les tablas peuvent alors se marier aux sons de la trompette de Don Cherry (aux fulgurances toujours déchirantes) et aux percussions d’une immense richesse, donnant à ce tissu brodé sous nos yeux, les tramages de quelques costumes rituels. Mais il ne faudrait pas oublier la dimension spatiale de cette musique, dont les silences qui s’installent sont comme une barque glissant le long du fleuve amazone. Ces silences sont quasiment hypnotiques. Ils peuvent alors prendre la forme dune longue note tenue comme dans ce Inner organs qui vient clôturer la trilogie.

Trois albums pour trois moments différents de cette recherche musicale toujours porteuse de cette vibration chamanique, dans un voyage onirique dont nous restons volontairement captifs et fascinés. Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

 

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