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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 06:45

Maurice G. Dantec

Albin Michel

211p, 16 €


Au départ il semble que le projet de l’écrivain était tout autre. A défaut de dossier de presse, on apprend sur un site, « paperblog » qu’une « une première version "fut rédigé[e] en 1996 pour un projet d’ouvrage collectif ayant pour thème la mort du jazzman Albert Ayler en 1970 à New York qui devait s’intituler “Les douze morts d’Albert Ayler”. Ce projet avait été commandité par Patrick Raynald, directeur de la collection Série noire. L’ouvrage de Maurice G Dantec, d’environ 150 pages, dut finalement être abandonné faute de temps et d’une structure littéraire adéquate. A la place, Maurice G Dantec allait écrire “Babylon Babies” qui devait paraitre trois ans plus tard. »

Qu’en est il aujourd’hui avec ce nouvel ouvrage dont le moins que l’on puisse dire est qu’il propose une accroche si intrigante qu’on ne peut s’empêcher de se ruer dessus ? Pour tout dire et pour le dire franchement, si le projet de Maurice Dantec avait été rejeté pour manque de structure, le temps passé depuis n’aura pas suffi à donner corps aux projets délirants de l’écrivain.

Dans une veine qui se voudrait de «  science-fiction » Maurice Dantec (qui doit en avoir de la bonne !) part dans un délire où il est question de la cavale d’un couple de braqueurs atteints par un neurovirus qui les met en contact avec la station Mir « en déroute » et qu’entreprend de sauver Albert Ayler avec son saxophone et sa tenue de cosmonaute !! Mouai, pourquoi pas.

On aurait pu en faire un clip ou une BD décalée à la rigueur. Mais si le côté «  space » aurait eu de quoi nous amuser un peu, il fau bien reconnaître que les 200 pages prennent ici vite les allures d’un chemin de croix franchement pénible. Car ce grand n’importe quoi manque de corps, de développement intéressant, de structure en somme. Quand à l’écriture, elle charrie tous les clichés du polar comme on oserait plus en écrire aujourd’hui, dans la forme, dans le langage et dans l’expression. Le côté « road book » (comme on dit Road movie) est totalement has been et cette histoire de cavale ne nous capte pas une seule seconde. Les ressors sont absents ( pas de suspens, pas d’intrigue, pas d’émotion, pas de fluidité). Rien

Dantec s’est fait plaisir, pourquoi pas. Dantec a trouvé son éditeur, tant mieux pour lui. Et puis Dantec va vendre, c’est normal il y a «  jazz » dans le titre et moi je me suis bien fait avoir. Mais vous, cher lecteur, si vous craignez de vous priver de quelque chose, dites vous que la seule chose qui vous attend c’est le vide sidéral, interstellaire dans lequel on aurait bien pu laisser encore la station Mir dériver longtemps. Quand à Albert Ayler, croyez moi, ôtez lui cette combinaison ridicule et glissez le Vinyle de « Summertime », c’est bien mieux lui rendre hommage.

Jean-Marc Gelin

 

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