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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 08:05

 

 

 À l’occasion de la sortie de son nouvel album chez ECM, Lost on The way autour d’une équipe de jeunes musiciens en partie renouvelée, rencontre avec l’un des maîtres de la clarinette basse, Louis Sclavis. A 56 ans celui qui a gravé avec Texier et Romano l’un des albums de jazz français le plus vendu dans l’hexagone nous livre quelques-unes des recettes de son dernier album où l’on trouve un Sclavis dans un  registre étonnamment bien plus apaisé qu’à l’accoutumée.

 

 

 

Avec cet album, vous apparaissez sous un jour nouveau, beaucoup plus apaisé. C’est un tournant pour vous ?

LS : Je ne crois pas. Tout vient en fait de l’idée sous-jacente de cet album. Tout est dans le titre : «  Lost on the way ». Je voulais partir de cette idée de « se perdre ». De ce que cela peut signifier. Il y a bien sûr l’idée, comme Ulysse de se perdre en route et il est intéressant d’évoquer musicalement ce flottement entre deux eaux. Mais se perdre, c’est aussi se perdre soi-même. Et en ce sens là l’épopée d’Ulysse est quelque chose que nous pouvons reprendre chacun sur le plan personnel. Il y a beaucoup d’humanité derrière.

 

On a le sentiment lorsque l’on entend cet album d’entendre les musiques de la grèce antique, telle qu’elles ont pu nous être restituées.

LS : C’est vrai il y a un peu de cela. Je vois à quoi vous faites référence et j’ai déjà écouté cela il y a longtemps. Mais s’il y a des correspondances c’est totalement de l’ordre du subconscient parce que j’y avais jamais songé en écrivant. En fait il n’y a pas de fil conducteur dans l’album. Là encore il est bon de s’y perdre. Mais s’il y a une cohérence à ce travail , elle est préexistante à l’album. C’est quelque chose que nous avons tous mûri ensemble

 

C’est donc un travail collectif

LS : Oui et non. Dans un sens j’amène les compositions et je suis totalement ouvert à chaque proposition des uns et des autres. Mais néanmoins il s’agit de mes compositions et au final c’est toujours moi qui décide. Je sais ce que j’ai en tête. Dans le cas présent nous avons eu pas mal de temps pour répéter et pour travailler ensemble. Chacun a vraiment eu le temps de s’imprégner du projet.

 

C’est pourtant un projet qui repose sur une formation largement remaniée par rapport à la précédente ( celle de « L’ Imparfait des Langues »). Pourquoi ce choix ?

LS : En fait Marc baron voulait se consacrer à d’autres projets. Paul Brousseau aussi voulait se consacrer à d’autres projets. J’avais entendu parler de Mathieu Metzger et Olivier Lété m’a été conseillé par Maxime ( Delpierre) qui le connaît bien. C’est donc sur ces nouvelles bases que nous sommes partis.

 

Quelles ont été vos lignes directrices sur cet album ?

LS :Nous avons beaucoup fonctionné sur le principe d’atelier. L’idée est celle d’un travail qui insiste sur un principe de base avec la répétition d’un système qui décale petit à petit. A d’autres moments, comme dans des bruits à Tisser,  nous avons préféré insister sur un seule note.

 

Vous n’avez pas voulu utiliser des voix qui seraient venues renforcer l’idée du théâtre à l’Antique,

LS : Non, j’ai préféré m’en tenir aux instruments et tourner avec les musiciens ensuite.  Mettre des voix etait tout à fait faisable, mais sur ce projet j’ai préféré rester dans quelque chose de brut. Lorsque LIMOUSINE  est sorti (l’album auquel participait Maxime Delpierre) j’ai été très impressionné par le son qu’ils etaient parvenus à créer et j’ai essayé de m’en inspirer.

 

Dans cet album vous donnez l’impression de jouer avec plus d’espace à la fois dans votre musique mais aussi dans votre propre jeu. Est ce là encore un tournant pour vous ?

LS : Cet espace auquel vous pensez est quelque chose que nous avons voulu créer. Comme on l’a dit, il s’agissait parfois de créer le flottement. Dans ce projet, vous remarquerez que je joue moins et que j’ai voulu donner plus de la place à Mathieu Metzger qui du coup donne le sentiment d’être beaucoup plus présent. Mais ne croyez pas que cela soit un tournant car c’est plutôt assez facile pour moi de laisser de l’espace aux musiciens. J’aime vraiment, comme vous aurez pu le remarquer au travers de mes différents projets, me renouveler à chaque fois. Et lorsque nous sommes en concert je n’en attend pas de résultat immédiat. En fait je laisse une grande liberté sur scène aux musiciens qui m’accompagnent. Il y a un vrai échange. Je laisse faire quitte à ce que parfois il y ait un sentiment de vide.

 

On vous compare souvent avec Michel Portal. Question de génération et aussi d’instrument ( la clarinette basse). Comment le vivez vous

LS : On sait bien cela avec Michel. Mais cela fait tant d’années que l’on nous compare sans cesse que cela a fini par nous amuser.

 

Quels sont vos maîtres ?

LS : Je n’ai aucun maître. Ce n’est pas cela qui me détermine. Je préfère que l’on parle d’influences. Et là il faut élargir le spectre. Ces influences peuvent être picturales par exemple. Ainsi une exposition comme celle récente consacrée à Emil Nolde a eu beaucoup d’importance pour moi. De la même manière en musique parmi les gens que j’écoute ey qui peuvent m’influencer, quelqu’un comme Jim Black fait assurément partie de ceux là.

 

Propos receuillis par Jean-marc Gelin

 

Pour se faire une idée d’une autre facette de Louis Sclavis, il faut absolument visiter son magnifique blog et découvrir ses talents de photographe « mobile » ( entendez par-là les photos prises depuis un portable)où l’on découvre l’œil de Sclavis aussi précis et affuté que ses chorus de clarinette.

 

http://louissclavis.blogspot.com


 

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