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11 août 2009 2 11 /08 /août /2009 23:21

Rencontre au sommet dimanche dernier à Marciac avec cinq guitaristes époustouflants devant un public nombreux et enthousiaste. La soirée commença avec des joutes musicales entre quatre guitaristes au style totalement différent, accompagnés d’une puissante rythmique (et notamment un Wolfgang Haffner très en verve à la batterie), se retrouvant comme par magie sur les standards de Wes Montgomery. Sur Alone together, leur joie manifeste de jouer ensemble explose, l’atmosphère sous le chapiteau de Marciac est brûlante. Dans le rôle de monsieur Loyal hilare : Chuck Loeb, guitariste « à la Pat Metheny », au style d’impro moderne mais très ancré dans la tradition du blues, à la limite de la pop et du jazz. Originaire de l’état de New York, Chuck Loeb a une carrière qui s’étale sur plus de quatre décennies. Il commence la guitare à 11 ans, se forme auprès de Dennis Sandole et Jim Hall, joue dans différentes formations parmi lesquelles le groupe de Stan Getz en 1979, Steps Ahead avec Michael Brecker en 1995 ou plus récemment Metro, un groupe de crossover entre hard bop et smooth jazz. Dans le rôle du latin lover : Mark Whitfield, guitariste « à la George Benson », au jeu tout en finesse, très délié, très élégant, un peu R&B…du vrai travail d’orfèvre. Dans le rôle du survivant : Pat Martino,  artiste à la carrière foisonnante, né à Philadelphie en 1944, il commence à jouer professionnellement en 1961. Il joue avec de nombreux artistes parmi lesquels Sonny Stitt, Chick Corea, Joe Pesci. Il commence sa carrière de leader en 1967. En 1976, à la suite d’une rupture d’anévrisme, il perd complètement la mémoire et réapprend à jouer de la guitare en réécoutant ses propres enregistrements historiques. Pat Martino est un pur guitariste be bop, dont le jeu très inventif et très riche harmoniquement rappelle celui de Wes Montgomery. Enfin dans le rôle du « less is more » (sublime Polka dots and moonbeams ): Russell Malone, surtout connu dans son rôle d’accompagnateur de Diana Krall.

 

 

Et puis vint Jim Hall…démarche vacillante, petit sourire discret, tout sauf un « guitar heroe » et pourtant… Le jeune homme de bientôt 80 ans, a été des cinq guitaristes de la soirée le plus déroutant, le plus créatif en un mot le plus moderne. Aucun effet avec sa guitare, aucune esbroufe. Son jeu est elliptique. Le plus classiques standards ressortent sublimés, transcendés. En duo avec Dave Holland (quel son à la contrebasse, ouahhhhh !), il est concentré, ses yeux pétillent de fiévreuse malice et l’on ne peut qu’applaudir à tout rompre à cette évidente complicité. Il est avec ses musiciens, en osmose, en écoute totale, il tourne presque le dos au public et pourtant il nous communique une extraordinaire énergie. « Lewis [Nash, batteur] et moi sommes aux anges d’avoir un nouveau Président. » quelques mots qui introduisent son puissant Obama’s message. Sur in a sentimental mood, en duo avec Kenny Barron, Jim Hall nous transmet une immense nostalgie. Sur Careful, Holland, Barron, Nash, Cowley sont réunis autour de Hall, dont le son devient un peu country. Sur ce morceau l’impro à deux contrebasses (Kenny Barron and Scott Cowley au top de l’inspiration) prend des accents funkie, moment jubilatoire qui arrache même un sourire au sérieux Dave Holland…Le public finit debout devant Jim Hall, le grand petit homme. Un moment de pur bonheur !

 

 

Régine Coqueran

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commentaires

J
Wow, quel article !Le passage avec le grand Jim Hall... génial. Il donne vraiment envie. Et quelle programmation ! en duo avec Holland. Je rêve.
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