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3 septembre 2006 7 03 /09 /septembre /2006 23:08

JJJ MA VIE A LA NOUVELLE ORLEANS – Louis Armstrong 

Coda 2006, 232 p. 22€La petite maison d’édition Coda (diffusée par les Presses Universitaires de France) réédite l’autobiographie de Stachmo, «  Ma vie  la Nouvelle Orléans  » alors que l’édition originale en français datait de 1952. L’intérêt de cette nouvelle édition est de mette en parallèle cette version avec l’édition originale américaine partiellement censurée et proposée au public en 1954. Les passages figurant entre crochets nous permettent ainsi de voir les ajouts et retraits de la version française par rapport à la version américaine. Cet ouvrage (non achevé) débute logiquement avec la naissance de Louis Armstrong ( vraisemblablement en 1900). Il s’achève avec son départ de la Nouvelle Orléans lorsqu’il intègre l’orchestre de Joe Oliver à Chicago. Il avait alors 22 ans. Dans une langue parlée, dont la naïveté et la candeur trahissent son immense gentillesse, Stachmo raconte ce qui fut pour lui des jours heureux. Pourtant on imaginerait pourtant que la vie d’un jeune homme vivant dans des conditions proches de la misère, jouant la nuit dans des tonks et livrant du charbon la journée aurait pu (dû) le rendre amer. Lui n’y voit que le plaisir des rencontres et la chance d’avoir pu jouer de son instrument tous les soirs. Et lorsque, avec la plus grande simplicité et sans jamais s’apitoyer sur lui même il raconte comment il allait ramasser les déchets pour ramener des restes à la maison, ce n’est que pour raconter comment sa mère Mayann arrivait à en faire de fameux repas créole. Et même lorsqu’il raconte son internement en foyer entre sa 12° et sa 14° année pour un malheureux coup de feu tiré en l’air un soir de la Saint Sylvestre , il ne retient de ce passage de sa vie que cette rencontre avec Mr Davis qui lui apprit le cornet et lui permit de parader avec sa fanfare dans les rues de Storyville. Mr Davis a qui il doit tout. Mr Davis a qui nous devons tout. Sous le regard de Stachmo, les rues de la Nouvelle Orléans sont peuplées de gentils malfrats tous armés d’un couteau dans une main et d’un instrument de musique dans l’autre. Quelques figures hautes en couleur traversent ce récit comme Black Benny le gentil méchant, les putains à la lame facile lorsque leur mac leur manque de respect et les musiciens sur lesquels Dipper ( alors au sommet de sa gloire) ne cesse de se souvenir avec l’émerveillement d ‘un gosse ( les Kid Ory, Babby Dodds, Lil’ Hardin bien sûr et tous ces fameux qui hantent encore les rues de Perdido). Armstrong les a tous côtoyé ces légendes du jazz, lui qui entendait Buddy Bolden dans les rues quand il était môme. Il croit même se souvenir (mais cela est par ailleurs contesté) avoir rencontré Bix du côté de Davenport lors de ces années passées dans l’orchestre de Fat Marable à bord des bateaux à aube de la Streckfus Line qui remontaient le cours du Mississipi. Tous les voyous de la Nouvelle Orléans se prennent d’affection pour le gentil Dipper, jeune garçon bien sous tous rapports, qui joue comme un Dieu et peut se mettre les plus durs des truands dans la poche d’une simple note. Mais s’il y a un personnage attachant qui traverse cette autobiographie c’est Mayann, la mère de Louis. Avec une immense tendresse et une bonne dose d’humour, Statchmo décrit ce personnage typique de Mama de Nouvelle Orléans, protectrice ( mais pas trop), capable d’aller casser la gueule à ses petites amies ou d’aller se saoûler avec son fiston dans les pires rades de la ville pour lui apprendre à boire. C’est avec délectation que l’on lit ce livre. La même que celle que l’on a en entendant la rauque gouaille de Satchmo Si sensuelle au fond. Sa langue est celle de la rue, ses expressions d’argot celle des truands et ses exclamations des émerveillements d’enfant. Derrière sa gouaille transparaît un formidable amour de la vie et du genre humain pour qui Pops n’est que compassion et tendresse. Bienveillante figure d’humanité. A wonderful world. Jean-Marc Gelin

 

 

 

 

S’ajoute au manuscrit original un petit addendum autobiographique où Louis Armstrong, pas vraiment dans son état normal raconte son point de vue sur la marijuana. Vaut le détour ne serait ce que pour le style pour le moins décousu et étrange.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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