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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:16

JJJJ Bill Frisell, Ron Carter, Paul Motian

 

 

Nonesuch 2006

 

 

  Passé le premier round d’observation (les deux premiers titres nous laissent en effet un peu dubitatifs) on entre vite dans ce qui devient un petit chef d’œuvre. Une sorte de mécanique se met en branle avec trois musiciens exceptionnels qui semblent avoir toujours joué ensemble. L’association est évidente. Une atmosphère se crée. Une alchimie devrait on dire. Car autour d’une musique assez simple et de motifs répétitifs, quasi hypnotique, le trio joue avec une infinité de nuances subtiles.

 

 

Bill Frisell renoue ici avec une sorte de country jazz qui trouve ses racines dans son Amérique profonde avec un style inimitable et qui ne l’a d‘ailleurs jamais vraiment quitté. Sur des thèmes comme ce magnifique thème traditionnel arrangé par Frisell Pretty Polly et qui semble tout droit sorti du folklore de son Colorado natal, il fait tourner le motif mélodique en lui imprimant avec sa pedal steel guitar des effets réverbérés au moelleux métallique. Il ne s’agit pas de longs étirements de la musique mais simplement d’une exploration juste du thème exposé. D’une déclinaisons des nuances et du son. Ron Carter et Paul Motian créent alors des formules irrésistibles, motifs à géométrie variables de profondeur et légèreté mêlées à l’image de la rondeur d’un Ron Carter qui à 70 ans fait ici un numéro époustouflant. Sa façon de décliner ses walkin bass simples mais incomparables dans leur sonorité et leur feeling crée une assisse dans laquelle Paul Motian n’a plus qu’à prendre place, déroulant alors son jeu de fin coloriste aux balais frissonnants. Montrant qu’ils sont avant tout des joueurs de jazz, les trois hommes s’attaquent aussi et avec autant de bonheur à des standards réinventés comme le Misterioso de Monk ou ce standard un peu moins joué On the street Where you live où l’occasion leur est donnée de montrer combien ils maîtrisent aussi le swing. Jamais ils ne s’y font démonstratifs. Alors Bill Frissell avec son sens inné du blues nous embarque dans une sorte de road movie où défilent ces images d’Amérique et toutes ses déclinaisons de couleurs qui vont avec. Défilent alors de grands espaces sauvages. Espaces imaginaires comme dans cet Introduction ou encore ce Misterioso joué d’une manière un peu poisseuse. Avec I’m so lonesome, I could Cry la guitare country de Bill Frisell affirme ses racines avec elegance. Pour une sorte de lazy jazz, qui traîne sa semelle dans l’Ouest américain et nous embarque avec lui.

 

 

Jean Marc Gelin

 

 

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