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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 23:28

SWING – Jean-Yves CHAPERON

 

Pourquoi parler de ce livre dans une newsletter consacrée au jazz ? Peut être simplement à cause de son auteur, animateur d’une émission de jazz sur RTL, «  L’heure du Jazz » ( le dimanche de 23h à minuit).

Parce que forcément lorsque l’on vit dans le jazz, lorsque l’on écoute cette musique au point qu’elle vous imprègne absolument, forcément elle est un peu présente dans votre patrimoine culturel au point que ce que tout ce que vous écrivez s’en ressent un peu. Et même si ce n’est pas le propos du livre, le jazz est là, sous jacent, tapi quelque part et prêt à surgir au détour d’une ligne ou d’u chapitre. E qu’à la première ligne du livre on sait bien qu’à la fin le jazz émergera.

 

Cette saga commence de nos jours à partir d’une énigme : celle d’un tableau inconnu du peintre Joseph Gaignault sur lequel on trouve cette inscription «  Joseph Gaignault n’est pas peintre ».

Après cette brève introduction en forme d’énigme le récit bascule aussitôt en 1906 pour prendre la forme d’une véritable saga. On y croise des personnages connus. On suit le ténor italien Caruso dans le séisme de San Francisco ou dans cette session d’enregistrement mythique mais jamais révélée au public avec le célèbre basse Chialapine. On y croise aussi le boxeur noir américain Jack Johnson qui un jour, défia l’Amérique blanche en battant James J. Jeffries dans un des moments sublimes du livre où Chaperon donne vie sous nos yeux à ce magnifique combat au rythme incandescent. On aperçoit le chef d’orchestre jazz, Jim Europe un jour assassiné par son batteur devenu fou. On se bat dans les tranchées de la grande guerre dans une vision très célinienne de l’horreur de cette boucherie absurde. Le nom de Sydney Bechet apparaît furtivement ainsi que celui du pianiste Willie « the Lion » Smith. On y voit des danseurs américains et même des fanfarons noirs peinturlurés en noir dans les fameuses troupes des Ministrels. Il y a même Joséphine Baker, jeune danseuse de 15 ans qui pointe le bout de seins au hasard d’un chapitre.

 

On comprend donc que les références historiques abondent et que les personnages réels y côtoient des personnages de fiction. Ces personnages s’entrecroisent et leurs destins se mêlent dans une sorte de chassé croisé un peu déroutant qui renforce le caractère énigmatique du propos. Le rythme est présent et maintient le lecteur en constant éveil un peu à la manière de ces séries américaines où plusieurs histoires sont racontées dans le même épisode. C’est d’ailleurs peut être pour cette rythmique romanesque que le livre s’appelle «  Swing ». Ce qui, en contrepartie peut donner parfois le sentiment d’un grand zapping. Certes Jean Yves Chaperon prend le temps de s’attacher à la psychologie de ses personnages et de leur donner une certaine épaisseur. Mais c’est pour, l’instant d’après les abandonner et passer à un autre. Les références historiques abondent mais c’est un peu à la manière d’un documentaliste qui aurait d’abord cherché ses références et cherché par la suite le moyen des les relier entre elles.

 

Il n’empêche. Chaperon possède une réelle force narratrice et traverse avec brio une partie de ce début du XX° siècle, mêlant habilement les deux côtés de l’Atlantique reliés sous sa plume par la magie du jazz.

Jean-Marc Gelin

 

Collec. Anne Carrière  2006, 453p. 19,80 €

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