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2 février 2007 5 02 /02 /février /2007 11:03

JJJ ENRICO PIERANUNZI: « Untold story »

 

 

 

Egea 2006 (reedition)

 

 

 

Enrico Pieranunzi (p), Marc Johnson (cb), Paul Motian (dm)

 

 

 

 L’éditeur italien réédite aujourd’hui cette session enregistrée en 1993. C’est la dernière d’une trilogie du pianiste. Le premier volet était en solo, le second en duo avec Marc Johnson à la contrebasse  et le troisième comme il se doit, en trio avec ce dernier et Motian à la batterie. Soit deux piliers de la rythmique de Bill Evans.

 

 

 

En 1993, Pieranunzi avait 44 ans et cherchait à se détacher de l’influence du pianiste tout en cherchant à creuser un sillon que celui-ci avait commencé à creuser et autour duquel il tournait inlassablement. On est donc ici moins dans le jazz modal cher au pianiste américain que dans une autre recherche peut être plus tristanienne à certains égards. Et c’est en entendant cet album que l’on comprend le chemin qui mène de cette école du piano à celle suivie aujourd’hui par Brad Meldhau. Les trois musiciens y créent ensemble des univers complexes où il est moins question de rapport d’interaction entre les membres du trio que d’un formidable exercice de liberté à l’intérieur d’une forme musicale contrainte. Comme il se doit en trio jazz, celle-ci est cadrée par le pianiste qui se livre à une sorte d’exploration sereine des univers harmoniques. Dans les espaces, et les silences, Pieranunzi prend son temps, joue avec les pauses et les silences. Johnson et Motian y affichent alors leur totale liberté. Celle qui fait que les grands musiciens loin d’être assommés par la servilité absolue au propos qu’ils jouent, affichent leur personnalité musicale pour ensemble transcender le discours. Il suffit d’écouter comment Paul Motian remplit les espaces, en profite pour non pas relancer mais donner d’incroyables reliefs  la musique (c’est d’ailleurs pourquoi on parle à son égard de colorisme). Écouter aussi comment Marc Johnson en digne successeur de Scott La Faro , existe réellement, musicalement dans l’approche du thème. Certes un peu moins affranchi que son prédécesseur mais libre néanmoins. Et s’il est question de liberté alors il s’agit avant tout de cette juste et belle émancipation qui un jour permet aux enfants de se séparer de leur père en retenant les leçons apprises mais en découvrant alors le monde à leurs façons. Pieranunzi se libère ici de Bill Evans comme on se détache d’un père. Avec le savoir comme bagage et l’amour éternel comme ressource.

 

 

 

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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