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La tectonique des nuages,
Théâtre de la Ville – Paris le 14 avril 2007
Vivement la version mise en scène de « La Tectonique des nuages » ! Nous n’avons eu hier soir au Théâtre de la Ville qu’un avant-goût version concert (sans scénographie et décors) de l’opéra-jazz tant attendu de Laurent Cugny. Cela fait déjà longtemps qu’il porte ce désir de créer un opéra. Il a d’abord fallu la rencontre d’un texte, « Cloud Tectonics » de l’auteur portoricain Jose Rivera, un récit cosmogonique mêlant l’humain et le surnaturel qui « charrie l’air de rien, poésie et drame, passion et déception, métaphysique et fantastique, telle une variation contemporaine des amours impossibles entre l’absolu et l’humain, l’éternité et la finitude » (F. Rancillac). Il a ensuite fallu le talent exceptionnel de mise en espace musical de Laurent Cugny : une écriture musicale exigeante pour dire la nature cataclysmique de Los Angeles, la suspension du temps provoquée par l’énigmatique Celestina del Sol, l’irruption du fantastique et du merveilleux dans la vie d’Anibal de la Luna , la confusion des sentiments, la réconciliation des personnages avec leurs racines latino-américaines. Servie par d’excellents musiciens (citons notamment Airelle Besson à la trompette et Thomas Savy à la clarinette et au saxophone), la musique s’entremêle subtilement au texte. David Linx, l’épervier-chanteur que son chant semble emporter dans les airs, Laïka Fatien, à la voix si mélodieuse et si douce, et Yann-Gaël Poncet, tout de fougue et de passion, alternent parties parlées, scandées et chantées et sont des guides sûrs vers l’imaginaire et l’émotion. Toutefois, dans cette version concert qui exige la présence d’un choryphée-lecteur des didascalies, nous ne pouvons à certains moments du spectacle réprimer un sourire devant la platitude de certaines réparties. Pas si facile en effet de donner toute la fougue tectonique de ce texte ainsi assis côte à côte sur le devant de la scène. On ne peut donc que souhaiter après une telle soirée qu’un programmateur courageux offrira très prochainement la possibilité de voir ce spectacle dans l’espace et le temps qui lui conviennent. Le spectacle se termine par un thème chanté en espagnol par David Linx : l’émotion est à son comble !
Published by Regine Coqueran
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