Les chroniqueurs de jazz, qui adorent – et c’est normal – se procurer les secrets de fabrique (et de coulisses) de leur musique préférée n’expliquent quasiment jamais comment ils écrivent leurs textes (est-ce d’ailleurs l’une de leurs préoccupations majeures ?). Même si ce n’est pas sa visée première, le présent article tente de rompre avec cette habitude : outre le lien très clair qu’il établit entre son sujet et une période de la propre vie de l’auteur, ses convictions personnelles aussi, précisons qu’il a été écrit le dimanche 1er novembre 2009 en un quart d’heure environ, après le deuxième visionnage du volume de la collection « Jazz Icons » consacré à Anita O’Day (chroniqué à part dans les DNJ), à la brasserie « Le Carrefour », à l’angle de l’avenue Secrétan (19ème), sur une nappe en papier juste après déjeuner vers 15H30…Le texte a été rédigé d’un jet et dans le désordre, ce pourquoi il est truffé jusque dans son titre de quelques chiffres qui dévoilent la succession des paragraphes et des thèmes qui ont scandé sa graphie.
(3) J’aime tout d’Anita. Le galbe de ses mollets, le magnétisme de son visage, l’orbe de sa bouche qui découvre ses dents supérieures trop en avant, sa démarche sur scène, qu’elle se plante face au micro, jambes écartées, buste splendidement rejeté en arrière ou qu’elle esquisse un pas de danse (son premier métier) toujours imparablement juste de sensualité, ses bracelets, ses bras nus ou à l’inverse gantés (jusqu’au poignet ou encore au-delà du coude, trop usé), qui miment chinoisement le phrasé ; (1) son exubérante versatilité vestimentaire – qui ne dit qu’une chose : la constante rigueur de son élégance pour affirmer non l’apparence du corps mais sa signature essentielle : sa voix – et sans doute aussi sa volonté de vivre son judicieux caprice du moment.