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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 22:25

 

Ahmad Jamal (p), Reginald Veal (cb), Herlin Riley (dms), Manolo Badrena (percus) 

ahmad_jamal_blue-moon_feb2012.jpg

Le secret de jeunesse du pianiste de Pittsburgh de 81 ans n'est il pas dans cet art de prendre son temps. Cette façon de ne jamais précipiter le tempo tout en le chahutant avec facétie. Cest en tous cas la première remarque qui mest venue à lesprit en écoutant le nouvel album de ce monstre sacré sur ce nouveau label avec cette nouvelle rythmique. Cette permanence.

Dans la musique de Jamal il y a toujours cette façon de se donner le temps et l'espace avec une maitrise et une respiration jubilatoire. Il y a du Eroll Garner en lui.

Laurapar exemple. Ele lui appartient et il peut la faire attendre, tourner autour d'elle et décider de son sort avec cet art du suspens, cette façon de suspendre la note, de créer la surprise harmonique, bref d'enchanter. Et si tout cela avec un sens du groove incroyable. Jamal peut s'arrêter, jouer les silences et reprendre sur le temps, le groove lui reste chevillé. C'est un art absolument magistral. Il faut entendre son groove sur This is the life. C'est le ternaire presque binarisé, presque funk . Du funk chez Debussy.

Ou encore cette magistrale interprétation de Blue Moon où le pianiste parvient à donner vie et âme à son quartet. On l'imagine à désigner d'un doigt pointé, ses accompagnateurs portés alors à se transcender au gré de la réinvention, du réenchantement du thème.

Il y a aussi quelque chose de bouleversant dans I remember Italy, cette balade qui, sous les doigts de Jamal prend ses deux sens. Une déambulation dans des souvenirs que l' on sait au coeur de l'intime. Non seulement à 81 ans cest sûr, on ne triche ps mais de surcroit Jamal évite le piège de tous les vieux pianistes qui avec l’âge devinnent  minimalistes. Jamal est au contraire d'une jeunesse hallucinante. Toujours fidèle à son propre style Jamal bouillonne d'idées et d'inventions harmoniques. Voire un poil facétieux avec ces petites incises décalées comme sur Gipsy.

Porté aux nues par sa nouvelle rythmique ( on y retrouve nénamoins le formidable Manolo Badrena aux percussions) Jamal s'affranchit de tout et de toute contrainte quelle pourrait lui apporter. Au contraire, en homme libre il survole son clavier avec une légèreté qui est comme un defi aux lois les plus élémentaires de l'apesanteur. A la fois puissant dans ses attaques et dune délicatesse aérienne dans son lyrisime. On retrouve du parfois du Jamal comme au temps du Pershing. Jamal, la maitrise de soi, l'art du silence ou du suspens. Du grand Jamal. Immense !

Jean-Marc Gelin

  Ahmad Jamal, le magicien, le compte rendu du concert au Chatelet

 


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