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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 08:08

Blue Note 20100

Ambrose Akinmusire (tp), Walter Smith III  (ts), Gerald Clayton (p), Jason Moran (p), Harish Ravanagh (cb), Justin Brown (dm)

ambrose-akinmusire-when-the-heart-emerges-glistening.jpg

 


Choc total pour ce nouvel album du trompettiste Ambrose Akinmusire.

Pour son deuxième album seulement,  le jeune trompettiste d'Oakland qui, hier à peine était auréolé du concours Thelonious Monk, signe déjà sur le prestigieux label Blue Note en s'offrant le luxe de pouvoir au passage emmener avec lui la bande de ses fidèles copains, ce formidable groupe avec qui il joue depuis plus de 5 ans.

Et si Blue Note les a tous pris pour ce premier album, co-produit par Jason Moran c'est qu'il y a dans ce groupe totalement fusionnel, une somme de talents incroyable qui en fait déjà l'une des références incontournable du jazz d'aujourd'hui. Car peu de groupes  en effet parviennent  à élever leur jeu à un tel niveau.  Et je risque de faire rugir les gardiens du temple en affirmant que le quintet d'Ambrose Akinmusire atteindra dans peu de temps le statut de groupe mythique, à la dimension d'un groupe comme le quartet de Wayne Shorter. La comparaison est osée. Je l'ose.

Car cet album est pour moi l'une des révélations de l'année. Les musiciens y sont tous excellents sans exception, indissociablement excellents. L'écriture du trompettiste qui signe toutes les compositions (à l'exception d'un standard) est d'une rare force et d'une sublime intelligence. Enfin et surtout cet album rayonne du feu sacré de son leader dont la trompette porte en elle toute la sensibilité du monde. Dans ce jazz très moderne, Ambrose Akinmusire porte abec lui toutes ses références. Dans ses bagages il y a du Freddie Hubbard parfois, du Booker Little dont il revendique l'empreinte et parfois même certains trompettistes de la Côte Ouest comme Candoli ou Jack Sheldon lorsqu'il s'amuse à reprendre un standard comme What New. La variété de son jeu traduit surtout un feeling du discours, une sensibilité a fleur de peau, une âme transperçant les notes. Techniquement c'est très fort. Ambrose peut tout faire avec la trompette, des longues tenues de notes bouleversantes, des trilles sauvages, des chaleurs cuivrées. Jamais exubérant. Toujours dans la justesse du propos. A la fois joueur et interprète d'un musique soulful. Presque chanteur en somme. Il faut l'écouter dans ce duo avec le pianiste Gerald Clayton sur Regrets pour comprendre la dramaturgie du trompettiste.

Ses compositions en clair-obscures sont intenses. Le jeu d'Ambrose est poignant.

Et cette intensité, cette force du jeu est collective. Entendre comment dans l'économie de notes, ce groupe prend âme sur Tear stained suicide manifesto ou encore sur With love où les harmonies et les contre chants se chevauchent, portés par la dynamique incroyable insufflée par Justin Brown, batteur absolument exceptionnel qui trouve avec Harish Ravanagh un socle hallucinant. Il faut entendre ces deux-là sur Far but few between pour comprendre de quelle interaction inouïe on parle.

Il y a dans le jazz de vrais moments de grâce. Où le leader et le groupe font corps. Ce corps qui permet en retour au principal acteur d'émerger. C'est ici le coeur d'Ambrose Akinmusire qui émerge, scintillant et débordant d'amour.

Jean-Marc Gelin

 

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