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29 novembre 2009 7 29 /11 /novembre /2009 14:55

Harry Allen (ts), Patrick Cabon (p), Cedric Caillaud (cb), Philippe Soirat (dr). 25 mars 2008. Aphrodite Records.


Les initiés apprécieront : il est rare que l’un des intimes de Ray Brown, Jean-Michel Reisser, auteur des très instructives notes de pochette, et l’un des praticiens les plus sensuels et réputés de la contrebasse, John Clayton, conjuguent leur louanges. Ils le font ici au bénéfice d’un musicien français qui domine remarquablement et sans esbroufe son sujet : Cédric Caillaud. Sa complicité avec le saxophoniste Harry Allen – que le Duc des Lombards a opportunément fait connaître en France – est née au hasard d’un remplacement assuré à la demande de Pierre Boussaguet (scandaleusement absent de nos scènes). Ce qu’interprète le quartet réuni pour cet album est un idiome classique mais qui requiert une musicalité et une disponibilité de chaque instant pour jouer la note juste, enrichir la sonorité d’ensemble, préserver le sens du blues (comme sur ce bel hommage à Griffin : « The Jamfs Are Comming ») et dispenser l’inspiration mélodique la plus élevée. Ce n’est pas le moindre des talents du leader que d’avoir choisi un répertoire savamment équilibré, balançant entre thèmes inusables, morceaux beaucoup plus rarement joués et originaux de belle facture, et de les avoir, par un discret mais opiniâtre travail d’arrangement (comme Ray Brown en avait lui-même le secret et l’exigence), habillés en des véhicules d’expression parfaits pour le groupe (l’introduction de « Our Delight » ou encore de « Robin’s Nest », le choix judicieux d’un tempo très lent pour un « That’s All » de rêve, etc.). Dans de tels écrins, la classe de Harry Allen se déploie pleinement : mobilité du jeu, élégance et qualité du discours, maîtrise aérienne du tempo, sens des inflexions, etc., toutes qualités patiemment polies et personnalisées à l’écoute des aînés (Zoot Sims sans doute, Ben Webster et Charlie Rouse peut-être). Sous la férule du leader (beau son, cadence infaillible, volubilité en soliste), la rythmique est extrêmement et insolemment soudée : le « comping » de Patrick Cabon est attentif et détendu et le drumming de Philippe Soirat crépitant à souhait, faisant fructifier le sens de l’écoute et de la nuance d’un Tiny Kahn par exemple (sidérant « Yours Is My Heart Alone », « I Want To Be Happy »). Un excellent disque, pétri de swing, d’inventivité et pour tout dire : de goût.

 

Stéphane Carini

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