Blue Saphir 2009
Raphaël Chamboulet (p), Denis Hénault-Parizet (cb), Rémy Kaprielan (dm), Nicolas repac (g), Jennifer « hawa » Zonou (vc)
« CHK » du nom de Chamboulet (le pianiste), Hénault-Parizel (contrebasse) et de Kaprielan (batterie). CHK du nom de ce jeune et nouveau trio venu de Lyon primé à l’unanimité par le jury du Concours National de Jazz de la Défense en 2008.
« Slow Motion » comme l’intitulé d’une longue marche très épurée. Chez CHK le sens des long travellings musicaux convoquent l’imaginaire. Les paysages évoqués défilent lentement, magnifiquement nus. Les silences y sont denses. Le jeu, pas expansif laisse respirer l’espace. Et s’il ne s’agissait que de faire tourner quelques motifs, il n’y aurait là rien de très intéressant. Nous serions alors dans le non-jeu. Mais ces trois-là parviennent à donner à leur musique une vraie expression émotive. La puissance d’une insondable tristesse. « Slow motion » s’entend alors comme une lente déambulation empreinte d’une mélancolie douce-amère dont on sort parfois de manière inattendue. Avec la même langueur Fidelia nous emmène du côté des Faubourgs de Buenos Aires alors que, I beg you s’entend comme un plan fixe sur les longues routes américaines, chanté avec déchirure par la voix cassée de Jennifer « Hawa » Zonou.
C’est avec beaucoup de métier que CHK s’est aventuré dans l’aventure d’un premier album et c’est avec un réel savoir faire qu’il a été enregistré et mixé. Un peu à la manière de ce que l’on a l’habitude d’entendre du côté des trios d’Europe du Nord et l’on pense bien sûr à Svensson et E.S.T dans ses motifs hypnotiques et rêveurs.
Et dans cette longue errance poignante du trio il y a une densité palpable. Celle de la musique lente et des silences mesurés et le trio remarquable de cohésion avance au même rythme et se meut d’une même âme et défilent les paysages perdus et l’évocation d’un ailleurs inaccessible et de cette longue et lente marche. Cette lenteur douce et prégnante qui flotte au-delà de la musique.
Jean-Marc Gelin