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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 21:42

 

Dave Brubeck (p), Paul Desmond (as), Eugène Wright (cb), Joe Morello (dm))

Sony Music 2012

dave-brubeck-their-last-time-out.jpg

 

Le 26 décembre 1967 est assurément un jour qui fait date dans l'histoire de ce quartet mythique. Et savez vous pourquoi cette date devait être gravée dans le marbre ? Figurez vous que ce jour-là, il s'agissait ni plus ni moins du jour de leur tout dernier concert. L'ultime, the very last one, le "encore un petit dernier pour la route", le " encore un et après j'y vais". Car le quartet sous l'impulsion du pianiste avait décidé qu'il s'agirait de leur toute dernière fois après quoi ils iraient chacun vivre leur vie ailleurs. Apres 10 ans à avoir sillonné le monde ensemble ils s'en iraient une fois le public rentré chez lui et les instruments rangés dans leur housse, suivre tous les quatre une route différente.

Il y avait donc ce soir là tout pour faire un événement inoubliable. Les 4 compères font tourner le répertoire, le best of, les tubes : " Three t get ready, Take five etc…" ainsi qu’un certain nombre de standards ( These Follish THings, you go to my head, St Louis Blues etc….).

On fera silence sur la qualité de l’enregistrement qui n’est pas forcément optimale. Il faut dire que ces bandes dormaient quelque part sur une étagère du pianiste  ( il a aujourd’hui 90 ans) qui les a en quelque sorte exhumé pour le plus grand plaisir des collectionneurs.

Il y a dans ces prises en live enregistrées le 26 décembre 1967 à Pittsburg un vrai plaisir, une joie de jouer ensemble pour cette dernière fois. Dave Brubeck au piano est une mine d’invention et Joe Morello, l’incroyable batteur qui nous a quitté l’an dernier est véritablement à son apogée dans cette science de la polyrythmie dont on ne dira jamais assez combien elle a contribué à révolutionner l’histoire de la batterie en jazz. Une fois n’est pas coutume, Paul Desmond semble légèrement un retrait, un poil moins inspiré que d’habitude, un poil moins puissant dans la pureté de son son. Peut-être les prémisses de sa maladie qui rendront à partir de cette année 67 ses apparitions plus épisodiques ( Paul Desmond était en effet atteint d’un cancer au poumon). N'empêche, une seule note de l'altiste et tout le monde succombe. Alain Gerber le disait bien : Paul Desmond et le côté féminin du monde ! Quand à Eugène Wright il est malheureusement victime d’une prise de son qui le relègue bien loin derrière.

Le public ( on ne sait pas s'il est avisé de cette ultime réunion) est aux anges. Le quartet peut bien lancer La Paloma, le public jubile parce que ce quartet-là n'en fait qu'à sa tête, réinvente tout toujours.

 

Aucune pointe de nostalgie, aucune tristesse, pas la moindre effusion lors de ce dernier set qui ressemble à beaucoup d'autres.Juste l'ultime trace d'un groupe exceptionnel.

Jean-Marc GELIN


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