Dianne Reeves rentre sur scène timidement en tirant sur son t-shirt pailleté comme les jeunes débutantes. Elle ferme les yeux et en quelques notes se transforme en "feel good lady". Quelques notes à la puissance incroyable, dans les bas-fonds comme au firmament. Elle est tantôt charmeuse, tantôt contrebasse. Elle se joue des harmonies et du phrasé ; elle est une femme incroyablement libre, incroyablement intense. Sa musicalité et sa technique vocale phénoménales ("même sans micro elle chante fort") ne suffiraient pas à décrire son immense talent. Elle se jette de tout son être dans la bagarre et c'est la vie qui jaillit sur scène, une radicale authenticité. Prêcheuse, non. Chanteuse, non. Seulement présente de manière authentique et généreuse dans l'ici et le maintenant. Elle se déchausse, se défait de ses bijoux et se donne. Dans chaque note, dans chaque harmonie, dans chaque rythme, dans chaque improvisation. Avec une joyeuse audace, elle déconstruit, triture, approche, se réapproprie, réinvente, fait sien, chaque thème, chaque genre (rock, reggae, jazz, pop)...pour mieux nous l'offrir. Relaxez-vous dit-elle en début de concert, nous allons passer ensemble un moment de bonheur. Et c'est ce qui se produit. Elle nous transmet sa joie et son énergie, son feeling bestial. Stormy weather (ô combien de circonstance!) est lumineux. Misty est un feu d’artifices. Our love is here is to stay en duo avec le guitariste-orfèvre, Romero Lubambo, est inoubliable. Jusque dans sa présentation improvisée de ses musiciens, elle fait preuve d’une jubilatoire générosité. Mazette, quel concert !
A suivre salle Pleyel Wayne Shorter le 3 novembre et surtout Brad Mehldau le 21 novembre, d’autres régalades en perspective…La salle Pleyel nous gâte !
Régine Coqueran