Personnel détaillé sur la pochette. Half Note Records. 2009.
Cet album relance une question : ça sert à quoi un « all-star » ? Car s’il n’est pas commercialement (voire affectueusement) surprenant de voir ressurgir des avatars du big band de Dizzy Gillespie, comme ce fut le cas de celui de Basie, assez peu de celui d’Ellington (demandez-vous pourquoi), musicalement l’interrogation, dans certains cas, demeure : perpétuer une mémoire ? Réinterpréter un corpus ? Réaffirmer certains critères musicaux ? A l’écoute, on n’aura certes pas l’outrecuidance, en pareil cas, de douter du travail des sections (voyez par exemple « One Bass Hit ») ; avec un « musical director » de la trempe de Slide Hampton et des calibres tels James Moody, Jimmy Heath, Antonio Hart, Gary Smulyan, Claudio Roditi (à créditer d’un beau chorus intense sur « Birk’s Works »), Roy Hargrove, Cyrus Chestnut ou Lewis Nash, la cohésion orchestrale est garantie. En revanche, au fil des plages, l’impression se renforce d’un bop qui n’est même plus classicisé mais banalisé, é-nervé (cf. « Una Mas »). On est loin, même si l’on comprend bien que l’heure n’est pas à la copie servile, de l’intuition géniale de Dizzy Gillespie qui, faute d’une sensibilité écorchée, avait compris qu’il pouvait électriser - et rendre ainsi éminemment actuelle - une musique déjà plongée pourtant dans l’expressivité la plus débridée en raison d’une virtuosité posée en principe et d’un humour décalé, presque grinçant, qui en était le complément naturel.…La version bien ronronnante de « Manteca » avec un son de guitare basse (John Lee, également producteur du disque) complètement « old fashion » pour ne pas dire « has been » (où est passée la révolution des Pastorius, Alphonso Johnson et autres Marcus Miller ?!) dit assez bien le déphasage de ce all-star par rapport aux exigences de son temps déboussolé. Voilà ça sert à cela, souvent, un all-star : marquer négativement l’écart par rapport à ce qui fut un temps splendidement étoilé…
Stéphane Carini.