http://www.ericharland.com/album/vipassana/
Eric Harland (dms), Walter Smith III: (ts), Taylor Eigsti (p), Julian Lage,
Nir Felder (g), Harish Raghavan (cb), Chris Turner (vc).
Le batteur Eric Harland, teneur de baguettes incontournable de la scène New-Yorkaise et que l’on peut entendre dans de nombreux groupes (Stefon Harris, Kenny Garrett, Geri Allen, Jason Moran, John Patitucci, Chris Potter, Aaron Parks, Aaron Goldberg, Kurt Rosenwinkel, Baptiste Trotignon etc…) participe activement à la redéfinition d'un jazz moderne qui va puiser aux sources de multiples influences contemporaines qu’il s’agisse de soft hip hop, d’urban jungle ou bien sûr de ce jazz classieux qui manie l’épure et le travail sur le son de groupe plus que la performance en tant que telle. Avec un souci de l'arrangement très efficace mais aussi sophistiqué Eric Harland marie plusieurs sonorités au combo classique en utilisant les voix et les chœurs (Greene, Passana) et les textes et parfois de façon très très discrète, les cordes.
La musique s’y fait subtile et classieuse. A la limite de l’ambient music. Vipassana (*) titre de l’album évoque une méthode de méditation basée sur l’observation du mouvement de la respiration.
Mais dans le même temps Eric Harland invente des formes polyrythmiques impressionantes ( Eminence) voire des rythmiques impaires spectaculaires (Singularis). L'équipe qui l’accompagne et dont deux ( Walter Smith III et Harish Raghavan) sont des transfuges de la formation d' Ambrose Akinmusire sont l'expression même de ce jazz new-yorkais que l'on aime. Mais Eric Harland s'entourre aussi de deux sublimes guitaristes, Julian Lage (véritable prodige surdoué entendu un temps aux côtés de Dan Tepfer) et Nir Felder ( auteur d'un très bel album solo cet année). La voix androgyne de Chris Turner ne délaisse pas la chanson pour intérpreter même une chanson très folk song. Walter Smith y est, comme à son habitude éblouissant dans
cette maîtrise et cette agilité des saxophonistes ténors actuels ( l’on pense à Mark Turner) à l'image de ce Capacity tout en puissance et en agilité du groove; souple comme un chat sur orbite.
Un Dhyana très funky-soul apporte une nouvelle couleur à l'album, plus punchy et prend aussi un détour surprenant pour venir le clôturer en beauté.
Sorte de doux kaleidoscope à plusieurs facettes, cet album y apporte une belle démonstration des talents de compositeur et de leader d’Eric Harland. Pas non plus inoubliable mais en tout cas assez agréable et apaisant pour vous conseiller de prolonger en douceur les dernières caresses d’un soleil furtif.
Jean-Marc Gelin