Ultrabolic
Distribution France : Musea
On se souvient encore avec plaisir des rythmes forts du Sawadu du trio du contrebassiste Hubert Dupont. Le voilà de retour avec un album qui fleure le printemps de l’autre côté de la Méditerranée tout en faisant référence aux révolutions arabes dont on n’a pas vraiment fini de mesurer les conséquences.
Enregistré en Ile-de-France, en live, à Musiques au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois, lors d’une résidence du groupe, JASMIM est le dernier projet du leader contrebassiste, à la tête d’un quintet cette fois, toujours dans le cadre de sa structure Ultrabolic. Il en a écrit toutes les compositions et a su s’entourer une fois encore d’un équipage mixte, parfaitement adapté. De ce Jasmim international, on saisit toutes les nuances, au cœur des traditions du Moyen Orient, attentif à la flûte envoûtante de Naïssam Jalal, aux délicates sinuosités de la guitare acoustique de Nelson Veras, aux percussions incontournables, acrobatiquement virtuoses de Youssef Hbeisch qui jongle entre riqq et derbouka. Au sax alto, Denis Guivarch’ n’est pas en reste dans « T-shirt » ou «Faisab », opérant ainsi une « fusion » capiteuse entre traditions et jazz .
Voilà une musique de forme rigoureuse qui plonge très vite dans une ambiance planante jusqu’à une transe doucement contrôlée. Etrange, énigmatique, elle se déploie dans l’espace, vibrant en expansion, poétique et irrésistible .
On ne peut que souscrire à ce projet idéal, espérer la réunification des rives de la Méditerranée, monde oriental dont la musique complexe emprunte des chemins obliques, toujours lyriques, sinuant entre le chant de la jeune flûtiste et les pulsations élégantes de la contrebasse. On embarque, selon les rythmes du cœur, pour cette aventure, humaine avant tout. Et c’est une très grande douceur, une paix évidente qui envahit l’auditeur, à l’écoute de cet album assez unique. Une révolution sans violence, perspective des plus encourageantes de nos jours.
Sophie Chambon