Jeremy Pelt (tp), JD Allen (ts), Danny Grissett (p), Dwayne Burno (cb), Gerald Cleaver (dm)
High Note 2012
N’allez pas chercher chez ces américains-là l’envie de révolutionner le jazz. Pas de jazz épaissi au rock lourd ou matiné de pop sulfureuse et planante, pas d’électricité dans l’air. Car ce quartet-là se situe clairement dans une autre lignée qu’ils perpétuent : celle du quintet de Miles. Entendez par là celui avec Wayne Shorter. C’est cette inspiration-là qu’ils font revivre, avec les même réminiscences. Même configuration, même sens de l’harmonie, même esprit du blues modal. Il y a alors des évanescences flottantes et des espaces étirés. C’est dans une sorte de lenteur fluctuante, de mouvance ralentie qu’il se joue de l’espace musical.
Au ténor, JD Allen que l’on suit depuis quelque temps aux DNJ (cf. http://www.lesdnj.com/article-jd-allen-un-tenor-a-decouvrir-d-urgence-90209448.html) s’inscrit dans le son Shorterien avec cette totale maîtrise du tempo qui, lorsqu’il est ralentit à l’extrême de l‘extrême devient finalement le plus indomptable. Il faut entendre la suavité de l’expression de ce ténor de 39 ans qui roule sa bosse dans les clubs de la grosse pomme, sur des titres comme second Love où sur le titre eponyme où il possède le velours, la soie et l’encens.
Jeremy Pelt de 3 ans son benjamin, lui répond parfaitement. Celui qui dès sa sortie de Berklee a tourné avec rien moins que Jimmy Heath, Frank Wess, Vincent Herring, Ralph Peterson, Cedar Walton connaît ses classiques, a toutes les clefs de ce jazz gravé dans le regsitre des trompettistes de grande classe. Pas de mordant énervé et pas de rondeurs cuivrées mais le son juste de celui qui (inspiré de Miles), maîtrise les silences entre les notes.