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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 18:01

cjpgarnival-skin-jpgKugel / Eisenbeil / Robinson / Evans /  Greene - Carnival Skin

Nemu Records – 2006

 

Bruce Eisenbeil: guitar; Klaus Kugel: drums; Perry Robinson: clarinet; Peter Evans: trumpet, piccolo trumpet; Hillard Greene: double bass.

 Site du groupe


A l'initiative du batteur allemand Klaus Kugel et du guitariste Bruce Eisenbeil, le quintet Carnival Skin réunit ici des pointures d'un free-jazz polymorphe. Avec Carnival Skin, Nemu Records regoupe essentiellement des musiciens américains, dont certains pourraient être les grand-pères des autres, et le batteur allemand Klaus Kugel. Avec des horizons musicaux aux écoles différentes mais afférentes à l'improvisation américaine, chacun des membres du quintet Carnival Skin a son histoire propre, une carrière à part entière dans le free jazz: ainsi Perry Robinson a officié auprès d'Henry Grimes, Lou Grassi ou William Parker; le trompettiste Peter Evans a collaboré avec Fred Frith, Moppa Elliot (Mostly Other people do the Killing) ou Evan Parker; le contrebassiste Hilliard Greene avec Leroy Jenkins et Charles Gayle. Quant à Klaus Kugel, il vient du monde du free européen et des musiques improvisées au sens large, il collabore avec de très nombreux musiciens de la scène européennes de l'est et du nord du continent.

Ce quintet gagne ne originalité dans le choix des instruments et leur tessiture. Habituellement omniprésent dans le free, le saxophone laisse avantageusement sa place à la clarinette de Perry Robinson et Peter Evans double sa trompette d'une trompette piccolo, instrument plutôt rare.

Ce quintet est un collectif sans leader et chaque musicien a composé un morceau dans l'album qui en compte six avec une improvisation collective en guise de conclusion. « Journey to Strange » de Perry Robinson, avec la trompette de Peter Evans sur le thème à l'unisson, fait irrésistiblement penser à Dolphy, « Monster », écrit par le trompettiste, a des accents lacy-iens, Ornette et Don font leurs apparitions sur le plaintif et incantatoire « Iono » de Greene, et « Bobosong » de Kugel suit un schéma taylorien... Toutes ces pièces ne sont pas jouées avec une recette à l'ancienne car les saveurs d'un free moderne (Parker, Drake, Mateen...) constituent le langage de Carnival Skin.

La qualité essentiel de cet album réside aussi bien dans le collectif que dans la qualité exceptionnel des musiciens qui semblent tous s'être transcendés pour l'occasion. Le guitariste américain Bruce Eisenbeil adopte un discours et des sonorités qui vont de Bill Frisell à Sonny Sharrock; Peter Evans, dont la trompette est éclatante, puissante et vigoureuse, a le discours frais et créatif, offre des textures sonores stupéfiantes et brille par son placement. Avec Kugel, ces trois « jeunes » musiciens font éclater leur créativité quand ils se combinent avec les vieux de la vieille que sont Robinson et Greene au jeu plus « classique » mais très expérimenté. Pas question de fléchir avec Carnival Skin! Ce n'est pas autorisé à l'auditeur attentif tant la musique se crée au fil du rasoir avec l'intention de casser les règles et les dissonances d'un jazz que l'on veut croire (dé)passé. Une petite pépite que ce quintet!

C'est par Klaus Kugel que ce cd est  arrivé aux DNJ; d'autres cds l’impliquant suivront bientôt. Ce batteur technique et très solide développe un jeu tout en stimuli au bénéfice des musiciens du quintet. Notons que Klaus Kugel est cofondateur du label allemand Nemu records, qui produit ce cd, avec Albrecht Maurer.

 

Jérôme Gransac

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