Musique originale de PIERRE BERTRAND
Cristal records
Une musique fine et pétillante. Comme cette comédie d’Emmanuel Salinger (un des complices d’Arnaud Desplechin, rappelez-vous « La sentinelle ») que nous aurions aimé pouvoir découvrir au cinéma. Las, de nos jours certains « petits » films ne tiennent pas plus d’une semaine quand ils sortent en salles en province ! Voilà pourquoi il faudra donc se livrer à cet exercice étonnant et inhabituel de parler d’une BO sans avoir vu le long métrage correspondant. Heureusement, le compositeur est le saxophoniste et flûtiste Pierre Bertrand, co-directeur avec le trompettiste Nicolas Folmer, du Paris Jazz Big Band : il s’explique avec pertinence, dans les notes de pochette, sur son état d’esprit et ses intentions au moment d’écrire sa première musique de film, même s’il est toujours très actif dans le champ de la composition (séries, téléfilms, opéra chorégraphique et de multiples autres projets). Travailleur infatigable doté d’une belle énergie , Pierre Bertrand aime le jazz et connaît ses classiques. Il sait depuis longtemps s’entourer d’une belle équipe : les musiciens qui l’accompagnent sont pour la plupart des solistes brillants, de parfaits instrumentistes qui font des disques du PJBB de beaux écrins pour découvrir un jazz « classique » grand public. Une musique d’ « entertainment » dans le sens le plus noble, dans la tradition américaine (c’est tout de même de là que vient cette musique) qui convient parfaitement à l’univers du cinéma. On retrouve des effluves des grands orchestres et des B.O des films des années 70 de Lalo Schiffrin par exemple. Le fait d’utiliser aussi en fil rouge la flûte en trio n’est pas étrangère pour évoquer avec un brin de nostalgie cette décennie enchanteresse (musicalement parlant). Du rythme, du swing, de l’énergie et des passages orchestraux en grande formation comme pour le thème principal « High Life » qui revient à plusieurs reprises. Car pour cette comédie, Pierre Bertrand n’ a pas lésiné sur les moyens (instrumentaux ) : d’abord, un vrai trio jazz contrebasse (Jérôme regard), batterie (André Cecarelli, complice fidèle avec lequel Pierre Bertrand a accompagné Nougaro), piano (le divin Alfio Origlio au toucher soyeux sur les « love theme » en particulier). Pour les cuivres, furent conviés certains solistes du PJBB comme les excellents Denis Leloup (trombone) et Stéphane Chausse (saxophones et clarinettes ; quant aux cordes, ce sont celles de l’Alhambra (du studio d’enregistrement du label Cristal, auquel Pierre Bertrand a toujours été fidèle).
Une musique joyeuse, fluide et bien construite selon des tableaux enlevés, vifs assurément.
Sophie Chambon