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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 21:08

 

Contact : Kapitaine.phoenix@free.fr 

Produced by Kapitaine Phoenix collectif

marjolaine.jpg

 


Etant passé à côté des deux premiers albums autoproduits de la chanteuse Marjolaine Reymond,  on découvre avec quelque surprise son travail considérable dans cet énigmatique To be an Aphrodite or not to be, « un oratorio autour de trois thèmes » : « A lover », « A dance », « A child ». On revisiterait donc la mythologie, la féminité dans cette fable moderne  au propos ambitieux ? Ce n’est pas pour casser le rêve mais pour lui donner corps que la poétesse Emily Dickinson est conviée à la rescousse : les filles doivent comprendre que les princesses et les robes à crinoline n’existent plus. Marjolaine Reymond déplie le principe de réalité avec imagination et peaufine un conte avec elfes et fées, mélangeant de nombreuses thématiques dans un « vortex » enivrant.  Il n’est pas facile d’entrer dans cette oeuvre compliquée plus encore que complexe. Entourée d’excellents musiciens, elle-même compositrice et actrice douée, auteur d’effets électroniques réussis, Marjolaine Reymond a monté cette architecture sonore, ce palais des vents ou des glaces,   cette série de 23 pièces, avec en annonce des trois parties des transitions récités par Linda Thiry, personnifiant la recluse Emily Dickinson qui inspire décidément nombre de nos chanteuses actuelles. Eclairant cet « univers fantasmagorique », les poèmes des contemporains  Kenneth Koch et Theodor Roethke complètent cette déambulation expérimentale, onirique,originale à coup sûr. 

La voix de soprano de Marjolaine Reymond  est souvent  rehaussée par les flûtes de Juliette Stolzemberg,  galvanisée par  le vibraphone de David Patrois,  portée par la batterie de Yann Jousseinsur le final, planant. Mais tous les musiciens  du groupe créent un environnement  idéal, que ce soit  le trompettiste Alain Vankenhove, les saxophonistes Christophe Monniot ou Julien Pontvianne.

 On se dit que la performance sur scène doit être bluffante, l’artiste semble ne rien s’interdire et évolue entre jazz, musique contemporaine, théâtre chanté, danse.... L’émotion n’est pas palpable immédiatement mais ce n’est sans doute pas l’objectif premier de la chanteuse   qui parvient à nous maintenir à distance. En écoutant le disque, on restera souvent (comme une statue) de marbre (mythologie et thématique obligent) mais indéniablement attiré par la réelle sophistication du projet, une certaine liberté plastiques, une radicalité inquiétante parfois. Où sommes-nous  quand nous écoutons cette musique, cette voix ? Dans un rêve éveillé, une hallucination, un opéra moderne ?  En tous les cas, cette musique inclassable peut se vite se révéler addictive.

 

 

Sophie Chambon

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