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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 07:08

 

La jeune scène du jazz hexagonal s'illustre avec deux albums sortis récemment et mettant en scène un guitariste d'une part et un pianiste d'autre part.

Lorsque les enfants de la pop music, s'approprient la liberté du jazz le résultat est carrément convaincant.

A découvrir de toute urgence

 

 

PJ5 : « Word »

Paul Jarret (g), Maxence Ravelomanantsoa (ts), Léo Pellet (tb), Alexandre Perrot (cb), Ariel Tessier (dms) + Stéphane Guilaume (clb, ss), Isabel Sörling (vc), Benjamin Belloir (flgh), Bertrand Luzignant (flgh), Anthony Caillet (euph)

 pj5 word w1

Le jeune quintet récemment primé au Tremplin jazz de la Défense et mené par son leader le guitariste Paul Jarret surprend son monde avec la sortie de ce premier album rempli de promesses, plutôt convaincant dans l'écriture et dans le maniement de ce jazz moderne new-yorkais aussi fluide qu'élégant. Carrément pop (sur un morceau comme Peanuts), on jurerait que quelques grands frères sont passés par là, des gens comme Kneebody ou comme Fly mais aussi une vraie influence de la scène française pop-jazz actuelle.

Il y a assurément beaucoup de talents dans ce groupe mais aussi une très grande concentration, un grand soucis de bien faire qui peu nuire parfois à la spontanéité à l’instar de Ahfields qui revendique clairement cet ancrage Pop-jazz un peu pauvre malgré cette montée en tension qui frôle un peu le cliché l'écriture ( on excusera pour autant les false starts et les petites imperfections de mise en place). En revanche bien plus convaincant lorsqu'il revient à des fondamentaux plus jazz comme sur ce Talk 1 où le saxophoniste peut s'exprimer sur une incise un peu trop courte à mon goût (coït interrompu). Il n'empêche, il domine dans ce groupe une belle énergie et une vraie envie de mouiller la chemise. Et aussi quelques beaux moments d'émotions comme sur Ode, morceau solo et réverbéré assez joli, belle parenthèse enchantée

Il y a des moments intéressants, des tiroirs qui s'ouvrent. Avec cet album du jeune guitariste on est dans l'ambiance d'un jazz très New Yorkais tel que le pratique la jeune génération des post rosenwinkelliens. Il y a des grooves puissants ( Peanuts) qui s'expriment mais avec des procédés d'écriture efficaces certes mais parfois un peu académiques.

Un très beau morceau chanté qui se poursuit de manière superbe sur Far North Suite où l'écriture prend une magnifique envergure orchestrale avec un très beau sax ténor et une partie chantée qui fait littéralement décoller le morceau assurément le plus réussi de l'album. Idem sur Over the lazy dog qui là encore montre des vraies voies intéressantes dans l'écriture très moderne de ce jazz à la dimension quasi cinématographique. On dirait parfois du David Binney dans ses envolées binaires, comme dans ce morceau, Stammer, pas si balbutiant que cela avec un magnifique moment de clarinette basse porté par un Stéphane Guillaume particulièrement inspiré ( comme à son habitude).

Force est de constater que ce groupe tient bien là toutes ses promesses. Enthousiasmant et totalement convaincant

 

 


AMNESIAC QUARTET : «  Tribute to radiohead vol.2 »

 

Sebastien paindestre (cl), Joachim Govin (cb), Fabrice Theuillon (ss), Antoine Pagnaotti (dms)

  Tribute-To-Radiohead-Vol2

Cet album, deuxième volume de l’hommage rendu à Radiohead est avant tout un énorme travail sur les arrangements et sur le son. Très pro dans la réalisation artistique avec pas (ou trop peu) de place laissé au hasard. Tout s'agence au papier millimétré. tout s'organise autour de l'idée pop, autour des nappes électriques mais aussi du rapport à la mélodie plutôt dévolue au saxophoniste Fabrice Thueillon à laquelle s'associe le travail sur les arrangements harmoniques. Il fallait, comme sur le premier opus rester dans l'idée mais s'en détacher aussi. S'écarter du côté un peu wild de Thom Yorke, le chanteur de Radiohead pour aller vers quelque chose de plus soft, de pop lunaire et psychédélique ( comme Exit Music). Le matériau est ici largement emprunté à  « Ok Computer » cet album cultissime enregistré en 1997 et qui marque véritablement l'envol du groupe et un tournant dans la musique pop.

 Si parfois cette musique donne un e le sentiment de tourner sur elle même comme récisémment sur Exit Music celle de Radiohead démarre en douceur pour livrer une progression sensationnelle tout au long du morceau. SP a au contraire privilégié une lecture plus linéaire qui évite d'ailleurs la paraphrase.

La tournure résolument pop détournée sur Climbing up the wall là encore repris de Ok Computer que Paindestre avec talent ne rénove pas, au contraire ancre dans une histoire "Electrique" d'un jazz fusion et d'une pop très 70's avec des sonorités très vintage, là où au contraire Radiohead donnait des sonorités très lunaires un peu futuristes avant de partir dans une sorte d'explosion noisy totalement bluffante. Morceau

d'anthologie qui nous fait dire que Sebastien Paindestre a, c’est le moisn que l’on puisse dire eu un sacré cran pour oser s'y attaquer. Il nous arrive parfois de regretter que Sebastien Paindestre qui s'avère un clavieriste remarquable, ne prenne pas plus souvent le pari du trio compte tenu des sonorités qu'il parvient à créer et qui donnent une lecture très intéressante. Pourquoi ne pas installer plus souvent ce trio fascinant ? Néanmoins une approche plus shorterienne sur Knives out ancre le morceau dans un environnement jazz-fusion qu'il est intéressant de voir accolé à Radiohead. Après, il y a certaines redites. Sur The Tourist par exemple on retrouve les mêmes structures, le même beat et le même tempo (l'original)  avec la même façon de faire tourner en utilisant les mêmes espaces lents avant que tout a coup, le morceau ne connaisse une heureuse évolution en cours de route, hyper bien conçue et réalisée avec un Sébastien Paindestre comme libéré. La force des arrangements est apaisée dans la version de Sebastien Paindestre, donnant à l'œuvre un autre éclairage, plus apaisée mais néanmoins tout aussi fascinante. Le pari était audacieux, le risque de dénaturer aussi et c’est pourtant un vrai tour de force que réalise Paindestre avec un véritable amour pour son sujet au point de lui avoir consacré déjà deux albums sans se trahir lui-même.

 

Jean-Marc Gelin

 

 

 

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