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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 19:55

Pierre Durand au Club 38 Riv' - 03 juillet 2012


La pratique du solo réserve toujours des surprises, aussi bien pour l'artiste que pour le public. Le guitariste Pierre Durand le sait: la gestion de l'énergie et du timing conditionnent la réussite de sa performance en solo au club 38 Riv' à Paris.
Pierre Durand en solo, c'est deux guitares - une électrique et une dobro - un ensemble de pédales d'effets et des ustensiles divers comme un ticket de métro. Et surtout un artiste très créatif, complètement investi par sa musique, qui le fait se mouvoir ou grimacer, le guitariste jouant sur un pied lorsque l'autre écrase ou effleure une pédale d'effets.
S'il démarre avec un premier morceau calme, Pierre Durand se jette, plein risque, dans des morceaux introspectifs, denses et dansants ou une ballade sans amplification. Au gré des pièces jouées, la guitariste parle de jazz et des musiques improvisées, en tout cas une musique d'assemblage et d'assimilation. C'est la caractéristique principale du guitariste: il est une plaque tournante de  toutes les musiques. ll cite John Coltrane, à qui il rend hommage sur un titre éponyme, qui dévoilait son but ultime de "mettre" toutes le musiques du monde dans une seule note. Pierre Durand, quant à lui, est un aventurier de la musique, celle qui fait vibrer, à l'émotion saillante, d'où qu'elle vienne. A l'instar de "Emigré", morceau dédié aux africains; il place un ticket de métro entre les micros et les cordes de sa guitare puis avec quelques effets légers, nous voilà transportés à Tombouctou au rythme d'une sanza et d'une kora du Mali ou d'un balafon en Mauritanie.

Quand on va l'écouter, Pierre Durand nous garantit un voyage: il agrémente ses improvisations écrites par des anecdotes de voyages, en particulier celui à la Nouvelle Orléans, qu'il met en musiques après les avoir racontées.

 

Pierre-Durand-38riv.jpgPhoto JG

 

Le premier set dure plus longtemps que prévu: 1h10. Pierre Durand s'est laissé porter par sa générosité et sa créativité si facile. Ce guitariste est Musique: il ne joue pas de la guitare, il joue de tous les instruments, de toutes les musiques. Le découvrir en concert est bluffant, y retourner le voir est renversant car toute sa musique est en perpétuel renouvellement. C'est une autre de ses caractéristiques: Pierre Durand crée en permanence.
A peine reposé, il reprend sa guitare pour interpréter le standard "When I grow too old to dream" de Hammerstein, symbole selon lui du sud américain. Il évoque alors la sortie de son disque en octobre 2012 intitulé "Chapter One: NOLA Improvisations" enregistré à la Nouvelle Orléans - une ville dont la réalité est tout à fait différente de l'image traditionnelle que l'on en a - qui l'a totalement inspirée pour ce premier album sous son nom. Au gré des pièces, il donne une nouvelle version de ses compositions et une interprétation libre de "Prism" de Keith Jarrett. Parce qu'il est surprenant, émouvant, empathique, expressif, on imagine si logiquement Pierre Durand interprétant les images d'un film de Wim Wenders dont il ferait la musique. Habitué qu'il est des cinés-concerts avec le Ciné Xtet de Bruno régnier et avec ses duos avec Richard Bonnet en face d'un grand écran.

On ne saurait trop le répéter, comme une évidence: ce Guitariste est Musique(s).
Le club 38 riv' a donné sa place à Pierre Durand : le lieu est calme épargné du bruit de la ville, l'audience est attentive. Le club se prête si bien à ce genre de performance intimiste qu'il pourrait y consacrer une programmation dédiée à la création. Vivement une suite!


JG

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