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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 10:01

" Voronej"

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“In Vivo”

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Le Petit Label 2011

Pierre Millet (Trompette), Yann Letort (saxophone ténor), François Chesnel (Piano), Antoine Simoni (Contrebasse) et Franck Enouf (Batterie)

http://www.renza-bo.com/

 

 

 

Il y a parfois des petites surprises qui sont des vraies découvertes. le "Petit Label", label normand un peu confidentiel dont nous parlions à l'occasion de notre chronique de l'album de Gaël Horellou (cf.), ne faillit pas dans son art de dénicher et de nous proposer de vraies pépites. Signe assurément d'une vraie qualité éditoriale.

L'occasion ici d'aller à la découverte d'un formidable quintet jusqu'ici fort peu connu et mené sous la houlette du trompettiste Pierre Millet. Découverte d'un groupe  ( au travers un enregistrement studio et un live réalisé en plusieurs lieux) mais aussi et surtout d'une musique foisonnante, fourmillante d'idées et d'une liberté absolue dans ses choix d'écriture. Avec Renza Bô c'est un univers d'une réelle densité musicale qui s'ouvre sur des espaces à multiples facettes, espaces serrés et condensés ou au contraire très ouverts. Naviguant entre un esprit très mutin ou bien empreint de gravité, ce quintet refuse, avec beaucoup d'intelligence et un réel sens de la direction artistique de se laisser enfermer dans un schéma formaté. Signe d'une liberté revendiquée et assumée sans qu'il ne soit un seul instant rogné sur la qualité musicale du propos. Les pièces se succèdent alors en suscitant chaque fois un vrai effet de surprise pour l'auditeur maintenu toujours en éveil. Sur 4D c'est un espace très lent qui se déroule avec une attention particulière à la résonance du son qui circule entre sax, trompette et piano. Idem sur Amour M où les soufflants dessinent l'aire du jeu avec un sens aiguisé de la mise en scène, de la construction et de l'épure. Il y a dans les espaces dessinés par Pierre Millet quelque chose du modal à la Miles Davis. Mais l'on change d'univers sur Gold Victory par exemple où le cri devient Aylerien. De là à passer à un univers circus d'une rue de la Cité du Croissant, il n'y a qu'un pas.

La poésie de Pierre Millet, formidable trompettiste aux pétillances d'une rare intelligence est toujours à l'affût, terriblement exalté et "soulful". Il y a un peu chez lui un grand bazar dans sa tête et dans l'embouchure de sa trompette qu'il a volé à Dave Douglas, à Don Cherry ou a quelques autres pistons géniaux. Le sax de Yann Letort quant à lui surgit dans des raucités qui font penser à celles d'un Daniel Erdman.

Mais au-delà des seuls soufflants, c'est surtout le vrai son de ce quintet qui émerge comme la vraie révélation de cet album. Un groupe écoutant, réactif et interactif.

 

Ce jazz là, si peu classable (ou alors il faudrait le ranger dans bien trop de cases à la fois) est un jazz de passage, un jazz magnifiquement ouvert entre tradition et modernité. Une offrande en quelque sorte.

Jean-marc Gelin

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